Le français comme point de ralliement

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Publié 02/05/2006 par Yann Buxeda

Le mardi 25 avril dernier, le Collège Glendon a accueilli la 9e édition de la conférence Le Français pour l’avenir. Plus de 150 étudiants bilingues de 16 à 17 ans en provenance de 15 écoles de la région torontoise se sont retrouvés au coeur du verdoyant campus du Collège Glendon de l’Université York, pour discuter de l’importance du bilinguisme sur leur avenir professionnel et culturel.

À l’heure où l‘on sent poindre les inquiétudes de la communauté francophone quant au souci d’Ottawa de défendre la place du français, il est agréable de constater que la jeunesse canadienne n’a pas perdu goût à la langue de Molière. Le Français pour l’avenir, comme beaucoup d’autres organismes, lutte depuis neuf années maintenant pour que le bilinguisme canadien ne finisse pas aux oubliettes.

Un concept développé par le romancier, essayiste et historien John Ralston Saul, président honoraire du Français pour l’avenir.

Cette année, pas moins de 12 villes participaient à cette conférence pour échanger leurs points de vue sur le Canada, sur les rapports entre francophones, anglophones et bilingues face au marché du travail et plus globalement sur les bienfaits du multiculturalisme.

À Toronto, vers neuf heures du matin, les élèves se sont retrouvés à la cafétéria pour le discours d’ouverture de John Ralston Saul, présent pour l’occasion, qui a insisté sur «la pratique du français comme outil de travail, mais avant tout comme instrument de plaisir».

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Il a également évoqué le fait qu’il était dommage de constater que «les élèves utilisent le français en cours, mais repassent à l’anglais une fois la porte de la classe franchie», n’oubliant pas néanmoins de les «féliciter pour ce choix prépondérant pour leur avenir».

Les élèves se sont ensuite répartis en quatre ateliers, en fonction de leurs intérêts et aspirations personnels. Des ateliers organisés par des spécialistes dans leurs domaines respectifs.

Les ateliers Sciences et technologie ont bénéficié du concours de Line Troster, physiothérapeute, et de Christine Pigeon, recherchiste et conceptrice au Centre des sciences de l’Ontario.

L’intervention sur les médias imprimés et électroniques a été réalisée par Kathryn Borel, réalisatrice de CBC Metro Morning et Avril Benoît, animatrice et productrice de documentaires sur CBC Radio One et à la télévision de CBC, tandis que Guy Mignault, directeur du Théâtre français de Toronto et Stéphanie Broschart, comédienne, se sont vus logiquement confier la tenue du débat sur les arts de la scène.

Enfin, le thème des relations internationales a été orchestré par Laurence Hugues, directrice de communications à Médecins sans Frontières, et Philippe Delacroix, consul de France. Ce dernier s’est d’ailleurs félicité de l’importance de ce type de manifestation: «Nous avons eu l’occasion de converser en français sur un sujet des plus importants, puisqu’il s’agissait de la propagation du SIDA sur notre planète. Nous avons établi un constat de la situation mondiale, avant de parler des solutions qu’ils envisageraient.»

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Mais le propos a également porté sur les possibilités élargies dans ce domaine lorsque l’on a plusieurs langues à sa disposition: «Avec Laurence Hugues, nous avons ensuite élargi la conversation sur les perspectives d’emploi qui existent dans l’humanitaire et plus globalement dans les relations internationales lorsque l’on maîtrise plusieurs langues. Et je pense que cela a vraiment été utile aux étudiants», a-t-il -soutenu.

Une liaison satellite

Une fois les ateliers terminés, le thème de la journée et du débat a été dévoilé: «Que veux dire être Canadien?» Vers 12h30, John Ralston Saul a animé une liaison satellite qui a réuni les élèves francophones de quatre grandes villes du pays, en l’occurrence Toronto, Halifax, Winnipeg, et Calgary. Les jeunes ont pu débattre pendant près de deux heures du sujet, et évoquer d’autres thèmes comme l’influence des États-Unis sur le Canada ou encore la place des autochtones du nord dans la société canadienne, le tout en langue française.

Une expérience particulièrement enrichissante pour Emily Irvine, élève de 16 ans à Richview et membre du comité Le Français pour l’avenir: «C’est vraiment important que l’on puisse échanger comme ça. Une journée comme celle-ci permet de rencontrer des gens qui partagent la passion du français. Sur le plan personnel, c’est aussi très enrichissant, puisque l’on apprend beaucoup sur les possibilités de travailler dans les deux langues. Cela me renforce dans mon objectif de partir un jour au Québec, pour découvrir vraiment la culture francophone.»

Un souhait qui, selon John Ralston Saul, montre bien l’importance de la francophonie au Canada: «Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le français est en expansion depuis quelques années. L’atmosphère change dans les écoles, et même si l’évolution n’est pas quantifiable, elle est bien réelle et les programmes en français sont de plus en plus valorisés.»

Une situation dont se félicite Le Français pour l’avenir, et qui ne devrait pas déplaire aux fervents défenseurs de la francophonie.

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