Le folk-trash, c’pas d’la marde!

À la découverte de Lisa Leblanc

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Publié 01/05/2012 par Guillaume Garcia

Si vous vivez à peu près dans le monde civilisé, vous n’avez pas pu échapper au raz de marée Lisa Leblanc. La jeune Acadienne de 21 ans bouscule les codes du folk et assène ses chansons-vérités tant à la radio qu’à la TV. Sa chanson Ma vie c’est d’la marde ne pouvait pas sortir à un meilleur moment que pendant les grèves étudiantes. Devenu l’hymne des manifestations, le titre collera longtemps à la peau!

Aujourd’hui installée à Montréal, Lisa Leblanc a vu sa carrière exploser après son passage à Tout le monde en parle le dimanche 1er avril. Débordante d’énergie, la jeune femme y est apparue telle qu’elle est dans la vie, franche, drôle et décontractée.

Un album pour la scène

Naturelle, voilà l’adjectif qui pourrait le mieux décrire Lisa Leblanc et son album par ailleurs.

Chanteuse à la voix puissante posée sur des textes pleins de fraîcheur, la native du Nouveau-Brunswick a fait un album très raw, comme elle le dit dans un franglais tout en maîtrise.

«Faire l’album c’était plus pour dire que j’avais un album. Moi je fais des shows, c’est ça que j’aime faire. Je voulais juste pouvoir voyager avec ça.»

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Et le succès a été au rendez-vous très rapidement.

«C’est le genre de truc qu’on catche pas pourquoi ça pogne. Je suis juste contente que les gens aiment mes tounes. Même si là je suis contente que ce soit sur un down après le buzz de Tout le monde en parle car je suis pas à l’aise avec le fame. Mais je suis vraiment fière!»

Le succès frappe à la porte

Depuis son village natal de Rosaireville, en passant par Granby, où elle a reçu une formation à l’École nationale de la chanson, la lauréate de la grande finale du prestigieux Festival international de la chanson de Granby en septembre 2010 a depuis participé à la dernière édition du Coup de coeur francophone, aux FrancoFolies de Montréal ainsi qu’au Festival d’été de Québec.

Il fallait bien un album pour rassasier le public!

Sorti en début d’année, l’album éponyme de Lisa Leblanc dépasse aujourd’hui Francis Cabrel, La Star Académie, Les Cowboys fringants, Mes Aïeux dans le classement des albums les plus vendus sur iTunes.

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Réalisé par Louis-Jean Cormier du groupe Karkwa, l’album propose des chansons aux titres très explicites, comme Câlisse moi là ou encore Kraft Dinner.

Les textes parlent de la vie d’une jeune fille en proie au doute, mais qui sait où elle veut aller, le tout saupoudré d’un beau mélange d’humour et de franc-parlé.

Fidèle au style folk, Lisa Leblanc nous raconte sa vie. Ses rêves, ses doutes, ses amours ratées et ceux qui pourraient naître, ou encore la routine qui tue le quotidien, comme dans la très énergique Cerveau Ramolli.

Du folk sans flafla

Les mots sont simples, mais pas simplistes, juste efficaces, le tout porté par une voix dont on compare l’énergie à Janis Joplin.

Capable de chanter «J’t‘écris une chanson d’amour, parce que je suis conne!», Lisa Leblanc montre qu’il ne faut pas beaucoup de mots pour exprimer ses sentiments quand on utilise les bons.

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Chanteuse et guitariste dans des groupes de rocks depuis son adolescence, Lisa Leblanc ne fait pas de la musique de fifilles, et souhaiterait voir plus de femmes se lancer dans de la musique moins «niaiseuse».

«Je suis tannée des chanteuses fifilles. Ça ne me fait pas triper. Moi je me suis toujours plus inspirée des tomboys, des gars.» D’ailleurs son album traduit bien cette volonté de «vrai» folk, un vrai folk trash.

«Je voulais garder l’esprit live du show. C’est pas une question d’enrobage une chanson. J’aime pas le flafla et j’avais une idée assez claire de ce que je voulais. Louis-Jean il ramassait la patente! Mais c’était un travail de coopération. Il me disait à la fin c’est ton album!»

Plus que son dégoût du «flafla», Lisa voulait absolument pouvoir jouer les chansons de son album telles quelles avec son groupe, c’est-à-dire trois personnes.

«Mais des fois Louis-Jean il me disait quand même «Là ça prend des drums! Et je l’écoutais.»

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Pas si tomboy que ça, Lisa Leblanc a écrit Kraft Dinner, où Faudrait pas dire ça à personne Mais j’aimerais ça t’écrire des poèmes Avec des beaux mots qu’on comprend pas Ni l’un ni l’autre.

Avec ses mots à elle Lisa montre que le coté fifille n’est pas loin. Mais qu’en choisissant bien ses mots justement, eh bien ça ne fait pas fifille.

«Fallait que ça me ressemble! Fallait que ce soit moi pour que la chanson d’amour s’appelle Kraft Dinner! Je n’essaie pas de cacher cette féminité, je l’assume.» Une fille avec des «balls» comme elle dit!

À peine arrivée déjà comparée

Comparée depuis un petit moment à Bernard Adamus, autre chanteur folk qui a percé dans les dernières années le cœur des Québécois, Lisa Leblanc s’attendait forcément à cette comparaison.

«C’est comme cool de faire des comparaisons. Les Québécois ils adorent ça. Moi j’ai beaucoup de respect pour ce qu’il fait donc ça ne me dérange pas. Avec Ma vie c’est d’la marde, je voulais pas passer pour une Bernadette Adamus mais je savais qu’on allait comparer! »

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L’énergie des deux se ressemble, tous deux décrivent le quotidien avec un talent fou d’écriture, mais Bernard Adamus joue beaucoup plus sur le côté rythmique, presque rappé de ses textes quand Lisa les déclame avec sa voix et puissante et maîtrisée.

Le succès semble ouvrir bien grand ses bras à l’Acadie en ce moment après la réussite de Radio-Radio, et ce n’est pas pour déplaire à Lisa.

«Pour moi ces succès symbolisent l’Acadie nouvelle. Ça fait du bien que le Québec sache que l’Acadie existe. On bûche là-dessus depuis des années et on a bien besoin de ça en ce moment. »

Chaque bonne chose ayant son effet pervers, le succès des Acadiens les propulse directement dans les bras de Montréal et ils doivent quitter la terre qui les a vus grandir. «C’est la réalité de la francophonie de devoir aller à Montréal. Tu n’as pas vraiment le choix selon ce que tu veux faire comme carrière.»

On ne lui en voudra pas de s’être rendue jusqu’à Montréal pour nous apporter cette belle authenticité qui manque cruellement à tant d’artistes.

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La totalité de ses chansons est disponible sur YouTube et son album est disponible sur iTunes ou sur lisaleblanc.ca

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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