Le fabuleux destin de Carl Fabergé

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Publié 13/01/2015 par Gabriel Racle

On a beaucoup parlé de Fabergé, bijoutier des tsars de Russie, l’an dernier. Il y a eu cet objet en or acheté par un ferrailleur des États-Unis, qui s’est révélé être un œuf disparu de Fabergé, valant plusieurs millions de dollars.

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a présenté une exposition consacrée à Fabergé (du 14 juin au 10 octobre) comportant notamment trois des célèbres œufs du bijoutier, prêtés par un musée des États-Unis. Et à cette occasion, la revue L’Objet d’Art a édité un superbe numéro toujours disponible auprès du MBAM.

Une biographie

Et les Éditions Complicités proposent une biographie complète et bienvenue de ce personnage de légende: Fabergé, de la cour du tsar à l’exil, sous la plume de Caroline Charron. En huit chapitres, d’une écriture élégante et d’une lecture distrayante, on peut prendre connaissance du véritable roman que constitue la vie de Carl Fabergé.

Carl ou Pierre-Karl Fabergé est né à Saint-Pétersbourg le 30 mai 1846. Et c’est ainsi que peut commencer la biographie de ce personnage singulier, au patronyme bien français, qui se retrouve ainsi dans la Russie des tsars.

En une vingtaine de pages, Caroline Charron nous en donne l’explication. Tout vient du roi de France Louis XIV qui, en 1685, révoque l’Édit de Nantes par lequel le roi Henri IV avait octroyé une certaine liberté de culte aux protestants, en 1598. Pour éviter une mise à mort éventuelle, les protestants n’avaient plus qu’à quitter le pays.

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Protestante, la famille Fabergé, originaire du village de La Bouteille, en Picardie, est du nombre de ce demi-million de fugitifs qui s’enfuient vers l’Est, d’abord en Allemagne, puis en Livonie, en 1800. La Livonie, qui comprenait l’ensemble des États baltes actuels, était une province de l’Empire russe.

Le travail récompensé

Fn 1830, le joaillier Gustave Fabergé et son épouse danoise Charlotte, les futurs parents de Carl, s’établissent à Saint-Pétersbourg, la ville où «artisans, commerçants et artistes affluent alors de l’Europe entière».

Dans ce milieu où «hommes et femmes s’y montraient couverts de pierres et de diamants depuis les boutons de leur veste jusqu’à leur coiffe, rien n’était trop beau ou trop cher pour impressionner», Gustave Fabergé se taille facilement une place.

Son atelier déborde d’activités et, lorsque Carl est assez grand, après l’école il se rend souvent à l’atelier de son père, l’observant travailler pendant de longues heures, curieux de tout, cherchant à comprendre, avec l’aide paternelle toujours patiente.

Mais Gustave décide de prendre sa retraite et de parfaire l’éducation de Carl en gagnant Dresde en Allemagne, en 1860. Dès 1861, Carl complète sa formation par un tour d’Europe, auprès d’orfèvres réputés et de galeries d’art à Londres, Paris, Florence.

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Finalement, en 1864, Carl regagne Saint-Pétersbourg pour y établir une joaillerie à son compte. Travaillant comme expert pour le catalogage, la réparation et la restauration des objets du musée de l’Ermitage, son nom et la rigueur de son travail attirent sur lui l’attention.

En 1882, il reçoit le titre de maître orfèvre, et dirige avec son frère Agathon une entreprise qui crée des objets de fantaisie en plus des bijoux. En 1884, au hasard d’une rencontre à l’Ermitage où le tsar Alexandre III venait admirer les nouvelles acquisitions du musée, Carl lui expose l’idée de créer un œuf de Pâques exceptionnel pour la tsarine, avec une surprise à l’intérieur, et le projet est accepté.

Le triomphe et la fin

C’est ainsi qu’en 1885, le tsar Alexandre III offre le premier œuf de Pâques à la tsarine Maria Feodorovna, une princesse danoise épousée en 1866 (elle avait 19 ans).

Cet œuf de Pâques ressemble, au premier coup d’œil, à un œuf ordinaire, en émail blanc, mais à l’intérieur se trouve une surprise: une poule multicolore en or, avec à l’intérieur une couronne, et dans la couronne un petit œuf en rubis.

L’impératrice se montrant ravie, c’est le début d’une impressionnante série d’œufs impériaux, puisque Nicolas II, qui succède à son père Alexandre III en 1894, poursuit la tradition.

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Au total, la maison Fabergé a créé 52 œufs impériaux, dont deux qui devaient être présentés à Pâques 1917, mais ne l’ont pas été à cause de la Révolution bolchevique qui met fin au régime tsariste en février.

Cette révolution marque aussi la fin de Fabergé, qui quitte la Russie en septembre 1918 pour gagner la France, puis la Suisse. Il décède à Lausanne le 24 septembre 1920.

Les œuvres d’art

La revue L’Objet d’Art, publiée à l’occasion de l’exposition du MBAM, donne un large aperçu des réalisations de Fabergé. Fabuleux Fabergé présente non seulement les œufs illustrés par date, mais aussi d’autres pièces d’orfèvrerie, «des objets d’exception» reproduits et accompagnés de textes explicatifs. En 94 pages, cette revue est le complément naturel de l’ouvrage biographique de Carole Charron.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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