L’insistance d’une justiciable pour que son procès civil se déroule en tant qu’instance bilingue devrait-elle jouer contre elle si celle-ci est une anglophone, née à Peterborough et élevée dans les environs de cette ville?
Ce point a été soulevé par le juge John R. McIsaac, de la Cour supérieure de justice de l’Ontario, dans le dossier Whitfield c. Whitfield. Il y a déjà eu des causes, notamment celles de Melvin Deutsch, à Toronto, où un justiciable anglophone a tenté en vain d’utiliser le français sans connaître suffisamment cette langue officielle des tribunaux de l’Ontario.
Mais là n’est pas la situation dans le dossier Whitfield puisque, comme l’a noté le juge, la demanderesse est parfaitement bilingue, ayant étudié au Québec et en France. De plus, elle est mariée à un francophone et ils ont vécu plusieurs années à Montréal.
Dans les motifs de sa décision rendue le 1er mai 2014, le juge McIsaac rappelle que, pour avoir le droit à l’utilisation du français en Cour, la seule exigence prévue à l’article 126 de la Loi sur les tribunaux judiciaires est de parler cette langue. Comme Agnès Whitfield rencontre facilement cette exigence, le juge confirme qu’elle jouit du droit sans réserve de témoigner et de présenter des arguments dans cette langue.
Et, il ajoute «I want to have the record reflect that I have considered the matter in case any third party may wish to criticize Dr. Whitfield for exercising her right.»