Trop de juges de la Cour de justice de l’Ontario ignorent encore leur responsabilité d’aviser un accusé de ses droits linguistiques. Comme les dispositions linguistiques du Code criminel sont entrées en vigueur le 31 décembre 1979, il n’est pas surprenant qu’un premier manquement ait été signalé moins de deux mois plus tard. Ce qui est toutefois inacceptable, c’est que ces violations se poursuivent encore de nos jours.
Le 26 février 1980, Cyrice Lapierre, un résident de Chapleau, est trouvé coupable d’évasion fiscale et condamné à payer neuf mille dollars d’amende ou à passer six mois en prison.
Un examen du dossier révèle toutefois que le juge avait délégué à l’avocat de service la responsabilité d’informer l’accusé de ses droits linguistiques et qu’un interprète fut assermenté seulement après la lecture de l’accusation et l’enregistrement du plaidoyer de l’accusé.
En appel, le juge Loukidelis, de la Cour de district de Sudbury, remarque que l’accusé n’avait pas été avisé conformément au Code criminel de son droit de demander un procès en français.
En acceptant, le 7 mai 1980, la requête de l’appelant, le juge confirme que la stipulation prévue par le Code criminel était impérative, que ce devoir ne pouvait pas être rempli par d’autre personne que le juge de paix ou le magistrat et que celui-ci devait informer l’accusé de ses droits en utilisant la langue de l’accusé, un interprète ou un formulaire.