Michel Dorais a touché une corde sensible avec son dernier essai, La sexualité spectacle. Le sociologue, professeur à l’Université Laval, explore l’omniprésence de la sexualité dans les médias, la culture, le divertissement, ainsi que notre voyeurisme et notre exhibitionnisme, avec un regard critique, mais sans leçons de morale.
«Je ne peux pas aller au Provigo ou à la pharmacie sans que des gens me parlent de mon livre!», confie l’auteur. Et la réaction de ses collègues? «C’est considéré comme un sujet léger, pas sérieux.» Pas sérieux?
La sociologie, comme chacun le sait, étudie les interactions sociales. Étonnamment, peu de sociologues s’attardent par exemple au désir ou à l’intimité qui sont pourtant si présents dans nos relations sociales.
«Quand j’ai commencé à travailler sur la sexualité, il y aura 35 ans cette année, on me disait deux choses», confie Michel Dorais. «D’abord, que ce n’est pas un sujet légitime en sociologie, que c’est une pulsion. Et c’est peut-être pour ça d’ailleurs que la psychologie, la médecine, la biologie et la sexologie en parlent le plus. On pense que c’est quelque chose d’inné, de naturel. En sciences pures, si on travaille sur les pulsions, sur les déterminants du désir, là c’est légitime.»
«Deuxièmement, il y avait le préjugé sexiste suivant: l’amour et le sexe sont des sujets scientifiques tellement légers que si quelqu’un finit par s’y intéresser, ce sera une femme. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois qu’on m’a dit : “Ce ne sont pas des sujets de gars”. Comme si l’amour et la sexualité n’intéressaient pas les hommes!»