Le Collège Boréal rêve d’un nouveau campus torontois

Les 10 ans de Boréal célébrés à Toronto

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Publié 09/02/2006 par Magdaline Boutros

«Aujourd’hui, nous prenons le temps de célébrer et de fêter, avec vous tous, amis et collaborateurs, nos succès.» Dix après que les premiers étudiants aient foulé le sol des salles de classe du Collège Boréal, l’heure était à la célébration jeudi soir dernier au campus torontois. «Âgé de 10 ans, le Collège Boréal est un jeune collège qui dessert un énorme territoire. Cela est en soit un défi incomparable», a soutenu Claire Berney, directrice du campus de Toronto.

Le 5 septembre 1995, le Collège Boréal ouvrait ses portes aux 1 369 élèves qui s’étaient inscrits dans l’un des sept campus de l’institution francophone. Deux ans plus tôt, au terme d’une bataille politique qui s’était étalée sur plus de cinq ans, le Collectif pour le collège du Nord avait obtenu gain de cause, en faisant plier le gouvernement provincial pour créer l’institution collégiale francophone.

Sudbury devient le campus principal de l’institution et six autres campus régionaux ouvrent simultanément leurs portes en 1995 à Elliot Lake, Hearst, Kapuskasing, New Liskeard, Sturgeon Falls et Timmins. En septembre 2002, le Collège Boréal étend ses activités dans le Centre-Sud-Ouest. Un nouveau campus s’ouvre à Toronto.

Le collège offre aujourd’hui plus de 56 programmes post-secondaires et a formé plus de 7 300 diplômés à travers la province, dans des programmes allant des sciences infirmières à la mécanique, de la foresterie aux services policiers. Onze programmes sont offerts à Toronto à 94 étudiants inscrits à temps plein ainsi qu’à une vingtaine inscrits à temps partiel.

Trois ans après son implantation à Toronto, le Collège Boréal rêve déjà d’un nouveau campus dans la Ville-Reine, nous confiait Wesley Romulus, vice-président du Collège Boréal, en entrevue. «Nous avons besoin de plus d’espace physique. Nous avons commencé avec 65 personnes au campus, nous sommes maintenant 116.»

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Le Collège Boréal loue pour l’instant des locaux au Collège Centennial, situé sur l’avenue Carlaw. Serait-il possible de voir le Collège Boréal se doter d’un édifice qui lui serait propre? «Tout dépend des ressources financières que le ministère veut consacrer aux francophones de Toronto, explique M. Romulus. Nous avons fait la preuve au ministère que nous sommes sérieux, que nous avons une bonne gestion, que nous allons en grandissant. […] Mais on nous sort toujours la même rengaine sur le manque de ressources du gouvernement et sur le système qui coûte déjà très cher», déplore-t-il.

«Il y a un retard dans le financement de l’éducation pour les francophones qu’il faut rattraper», insiste-t-il.

Boréal déposera une demande formelle au gouvernement allant en ce sens d’ici le mois de février, avant le départ prévu de Gisèle Chrétien, présidente du Collège. «La demande est assez bien étoffée et le ministère pourra dès son prochain budget répondre à cette demande.»

Miser sur les succès

«Boréal est et sera toujours un petit collège», spécifie Wesley Romulus. Mais ce «petit collège» peut se targuer d’offrir une des meilleures formations en Ontario, selon les indicateurs de rendement compilés par le ministère de la Formation et des Collège et Universités.

Pour l’année scolaire 2003-2004, le Collège Boréal a obtenu le pourcentage le plus élevé de satisfaction des étudiants parmi tous les collèges anglophones et francophones de la province, avec un taux de 86,5%. Les employeurs se sont déclarés satisfaits des diplômés qu’ils ont embauchés dans une proportion de 86,7%.

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Le Collège ravit également le titre du taux d’obtention de diplôme le plus élevé avec un score de 77,2%. Les étudiants se sont trouvé un emploi dans les six mois suivant l’obtention de leur diplôme dans une proportion de 86,5%.

«On met beaucoup d’efforts pour encadrer nos apprenants. On leur donne beaucoup d’appuis avec notre système de tuteurs, notre Centre d’appui à l‘apprentissage. On les suit de très près», avance Claire Berney, directrice du campus de Toronto, pour expliquer ce succès.

Deux programmes font particulèrement la fierté de l’institution. En 1997, Boréal devenait le premier collège à intégrer l’utilisation polyvalente de l’ordinateur portatif dans ses programmes d’études. «Ça a été un pari, se souvient M. Romulus. Aucun collège ne faisait ça. Mais on voulait se démarquer comme une institution très technologique. Quand on est petit, on doit trouver quelque chose qui fait notre force.» L’intégration de l’ordinateur portable a permis de briser la barrière du face à face, difficile à gérer lorsque l’on dessert un si grand territoire.

Puis, en 2001, Boréal lançait l’initiative Emploi garanti. Unique au Canada, ce programme offre une «garantie» aux étudiants qu’ils se trouveront un emploi dans les 16 mois suivant leur sortie du Collège, sans quoi le Collège leur offre une autre formation gratuitement. Neuf programmes sont visés par cette initiative, dont celui d’adjoint juridique offert au campus de Toronto.

Aujourd’hui, après 10 ans d’existence dans le paysage franco-ontarien, le principal défi de Boréal demeure de maintenir la qualité d’enseignement qu’il propose avec les ressources limitées dont il dispose, affirme le vice-président du Collège.

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«Les ressources ne sont pas là pour les francophones», déplore-t-il en ajoutant que des efforts seront également faits pour accroître le recrutement des étudiants tant sur la scène nationale qu’internationale. Les étudiants internationaux bénéficient de l’éducation et de l’échange multiculturel qui leur est proposé, mais ils apportent également «des sous dont le système à besoin», par leurs frais de scolarité plus élevés.

Une institution ancrée dans la communauté

Jeudi dernier, c’était toute la communauté francophone qui était invitée à célébrer les succès de Boréal. Un vin et fromage, suivi d’un concert de Marcel Aymar, Tricia Foster, Shawn Sasyniuk et Daniel Boivin, a attiré une quarantaine de personnes. Bien plus qu’un générateur de main-d’œuvre bilingue, «le Collège Boréal s’implique dans sa communauté dans le cadre de festivals et d’événements de toute sorte», spécifie Claire Berney.

«Boréal est évidemment une institution de formation, convient Wesley Romulus. Cependant, on s’est aussi donné le mandat de favoriser l’épanouissement de la francophonie la plus large possible. Boréal se veut un lieu de rassemblement de la francophonie […] même si ce n’est pas notre principal mandat.»

Une opposition dérangeante à Toronto

Depuis maintenant plusieurs mois, le mouvement Notre Collège multiplie les attaques envers le Collège Boréal, institution venant du Nord de la province, qui n’aurait pas sa place à Toronto, selon ses détracteurs.

Le Collège Boréal refuse toutefois d’entrer dans ce débat sur la scène publique. «On ne veut pas répondre [à ces attaques], explique Wesley Romulus. […] L’énergie que nous avons, nous l’utilisons pour améliorer l’enseignement que nous offrons et le rayonnement de Boréal. Alors pour nous, ce n’est pas essentiel d’engager un débat public. Ce n’est pas du tout dans nos priorités.»

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