Izabela vit à Toronto depuis 10 ans. Elle est née en Roumanie profonde, dans un petit village de la Transylvanie, où elle a connu l’austérité sous le régime communiste Ceausescu au cours des années 1970-1980. Une lourde époque de grande privation, se souvient-elle. Les gens faisaient la queue tous les jours pour un peu de pain. Les bus qui ne passaient pas régulièrement, étaient tellement pleins qu’ils roulaient les portes ouvertes.
Les Roumains vivaient sous un strict contrôle de leurs droits de citoyens à l’opinion, à l’expression et au déplacement. Sous le règne dictatorial Ceausescu, on exigeait de nombreuses autorisations dont plusieurs permis pour changer d’emploi ou déménager à l’intérieur du pays. Et encore plus pour voyager à l’étranger, surtout dans les pays non-communistes.
Tout était constamment difficile, se rappelle Izabela, tel que trouver de la nourriture, des vêtements, des meubles. Seuls ceux qui avaient des contacts réussissaient à dénicher l’essentiel. On payait le tout dans l’anonymat, sous l’éclosion d’une économie clandestine.
Chaque Nouvel An, je faisais le vœu secret de vivre ailleurs, évoque Izabela. Je ne voulais plus continuer de mener cette existence de robot dans un pays où l’initiative et la créativité étaient complètement réprimées.
C’est alors qu’en juin 1990, la jeune Roumaine quitte définitivement son village, incognito, en compagnie de ses deux copains Émile et Raoul. Elle a 28 ans. Sa grande aventure d’immigrante est lancée. Mais c’était Son choix! Izabela désirait plus que tout vivre dans un autre monde, libre.