Le chef islamiste chargé de former un gouvernement de coalition au Maroc

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Publié 29/11/2011 par Paul Schemm (The Associated Press)

à 16h40 HNE, le 29 novembre 2011.

RABAT, Maroc – Le chef d’un parti islamiste qui n’a encore jamais participé au gouvernement du Maroc a été choisi comme nouveau premier ministre, mardi, par le roi Mohammed VI.

Le Parti de la justice et du développement (PJD) est le parti qui a remporté le plus de votes aux élections législatives de vendredi, dont la tenue a été devancée pour répondre aux manifestations populaires inspirées par le Printemps arabe.

Le roi Mohammed VI a reçu le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, et l’a nommé premier ministre, avec pour tâche de former un gouvernement de coalition.

Il y a à peine un an, il aurait été impensable qu’un membre du PJD, alors dans l’opposition, puisse diriger le gouvernement. Mais le Printemps arabe a poussé le roi à réformer la Constitution et à devancer les élections législatives.

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En vertu de la Constitution amendée, le premier ministre est maintenant un chef de gouvernement plus puissant et doit provenir du parti ayant remporté le plus de votes aux élections. Le PJD a remporté 107 des 395 sièges de Chambre des représentants, soit presque le double du parti arrivé deuxième.

Les observateurs estiment que le PJD tentera de tester les limites du nouveau poste renforcé de premier ministre.

Le parti est considéré comme modéré dans le spectre des groupes islamistes et il n’a pas fait campagne sur des sujets comme le port du voile pour les femmes ou la vente d’alcool, dans un pays qui dépend largement du tourisme. Le parti a plutôt parlé de la lutte contre la corruption, de la réforme de l’éducation et du combat contre le chômage.

Avec la chute ou l’affaiblissement de plusieurs dictatures appuyées par l’Occident, les peuples d’Afrique du Nord semblent maintenant se tourner vers les islamistes qui étaient autrefois cantonnés à l’opposition.

La victoire du PJD au Maroc suit celle du parti Ennahda en Tunisie, tandis qu’en Égypte, les élections parlementaires en cours devraient renforcer les partis islamistes.

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Abdelilah Benkirane, qui avait été élu à la tête du PJD en 2008, mène une faction plus conciliante du courant islamiste. Il a plusieurs fois réitéré son soutien à la monarchie, même si ses collègues préféreraient un chef d’État moins puissant.

«Le chef de l’État est le roi, et personne ne peut gouverner sans lui. Si quelqu’un peut le faire, ce n’est certainement pas moi», a-t-il dit à ses partisans dimanche, après l’annonce des résultats donnant son parti gagnant.

Seuls six millions d’électeurs, sur un total potentiel de 21 millions, ont voté aux élections de vendredi. Plusieurs ont boycotté le scrutin, estimant qu’il ne mènerait à aucun véritable changement dans le système politique marocain.

La politique marocaine a longtemps impliqué des gouvernements de coalition formés de plusieurs partis faibles, dominés par un roi tout-puissant et ses conseillers non élus.

«Le PJD sait que la situation politique au Maroc est très tendue», a dit M. Benkirane dimanche. «Je promets un gouvernement fort qui donnera de l’espoir aux Marocains.»

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Il a précisé que les ministres seraient choisis pour leurs compétences et pas seulement pour leurs affiliations politiques.

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