À la veille du référendum de 1995 sur la souveraineté, le gouvernement libéral à Ottawa battait des records de délivrance de certificats de citoyenneté canadienne au Québec, sachant que les nouveaux arrivants voteraient NON en grande majorité.
Un an plus tard, il faisait savoir qu’il n’augmenterait pas les niveaux d’immigration de peur de susciter des réactions négatives dans la population. Lucienne Robillard, alors ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, déclarait: «Pour bâtir le XXIe siècle, on va continuer à accueillir beaucoup d’immigrants chez nous. On veut même aller jusqu’à 1% [de la population canadienne], ce qui veut dire jusqu’à 300 000. Mais en même temps, je dois suivre le seuil d’acceptation de l’ensemble de la population.»
Jean Charest, le chef du Parti progressiste-conservateur du Canada d’alors, s’est tenu coi.
Toute autre a été sa réaction à la déclaration du chef de l’ADQ, somme toute semblable à celle de Mme Robillard, à l’effet que le Québec aurait «atteint la limite de sa capacité d’accueil d’immigrants». Je n’ai aucune sympathie pour Mario Dumont et ses idées, néanmoins, ses propos ne méritaient pas une telle sortie du premier ministre.
M. Charest s’en prendra-t-il avec autant de virulence à la spécialiste Marie McAndrews, titulaire de la chaire en relations ethniques de l’Université de Montréal, pour ce qu’elle a dit: «Au fond, je suis assez d’accord avec Mario Dumont. On ferait probablement mieux de se donner deux ou trois ans avant de penser à augmenter le niveau d’immigration, le temps de corriger certains problèmes et de clarifier le débat»? Évoquera-t-il des relents de xénophobie dans son cas?
Les Franco-Québécois ont plus de raisons que les autres de s’inquiéter, car il y a la question de la langue dans ce vaste environnement anglo-saxon. Il en va de notre survie si l’intégration des immigrés se fait mal.