L’Islande a fait les manchettes lors des dernières semaines et pas nécessairement pour les bonnes raisons. En effet, le pays est virtuellement en faillite, des mécontents ont protesté devant le parlement pour la première fois en 60 ans, ils blâment les dirigeants pour la situation précaire des finances du pays, et on vient d’apprendre la démission du ministre du commerce Bjorgvin Sigurdsson, moins de 48 heures après l’annonce d’élections anticipées le 9 mai prochain. Un des pays autrefois les plus prospères d’Europe se retrouve maintenant en plein chaos. Mais que s’est-il passé?
Premièrement, il y a eu déréglementation du domaine bancaire en 2001 qui a fait en sorte que les trois principales banques islandaises (Landsbanki, Kaupthing et Glitnir) ont pu créer des paniers de prêts contractés avec des entreprises et des particuliers et les vendre à l’étranger. Ceci a fait en sorte que la majorité des actifs du pays étaient détenus à l’étranger. Aussi, le pays a favorisé les prêts à faible taux d’intérêt, ce qui a créé un boom d’emprunts et de dépenses sur crédit. L’endettement net du pays correspondait à 246 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2007 versus 36 % en 1980, ce qui correspond à une hausse de près de 700 %. De plus, l’endettement moyen des ménages face à leur revenu annuel est passé, pour la même période, de 21 % à 227 %, ce qui représente une hausse d’environ 1 000 %!
Cet endettement crée de l’inflation que le pays amplifie en ajoutant de l’argent dans le système afin de combler la demande d’argent des banques qui allouent ces prêts. Avec l’inflation autour de 14 % (versus l’objectif fixé à 2,5 %), l’État n’avait pas le choix et a augmenté ses taux d’intérêts à un niveau extrêmement élevé (15,5 %) afin de diminuer la demande. Or, la Grande-Bretagne offrant des taux aux environs de 5,5 % et la zone Euro, de 4 %, les étrangers ont vu ainsi l’opportunité de détenir des dépôts en couronnes islandaises, ce qui a fait augmenter l’offre de monnaie de 37,8 % dans les 12 mois précédant août 2008, alors que la croissance de l’économie pour la même période n’était que de 5 %.
Les banques sont alors devenues si vastes que leurs actifs comptent pour 10 fois la valeur du PIB du pays, et détiennent de la dette étrangère pour 50 milliards de dollars, ou environ 160 000 euros par habitant de l’Islande, ce qui correspond environ à 270 000 $ canadien. De plus, depuis la chute de Lehman Brothers, les critères de crédit pour les banques ont été resserrés considérablement, ce qui fait en sorte qu’il est extrêmement difficile pour les banques islandaises de refinancer leur dette alors que les créditeurs demandent leur dû et qu’aucune autre institution financière ne veut devenir contrepartie. Il ne reste alors qu’une solution: demander à la Banque centrale Islandaise de leur prêter de l’argent. Malheureusement, l’économie du pays est trop petite pour pouvoir garantir le remboursement des dettes des institutions financières. Cela a donc entraîné l’effondrement du système bancaire. En outre, l’Islande a frappé à toutes les portes pour obtenir de l’aide (États-Unis, Angleterre, Union Européenne, Russie), mais a encaissé des refus. Restait alors le dernier recours: le FMI (Fond Monétaire International).