Le Canada finit par condamner la colonisation israélienne

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Publié 04/12/2012 par The Associated Press et La Presse Canadienne

à 22h11 HNE, le 5 décembre 2012.

OTTAWA – La décision des autorités israéliennes de permettre de nouvelles constructions dans une colonie israélienne près de Jérusalem n’aide pas le processus de paix au Proche-Orient, a déclaré, mercredi, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.

Il s’agissait de la première déclaration en Chambre du ministre Baird concernant le geste des autorités israéliennes visant à montrer leur insatisfaction face au vote des Nations unies, la semaine dernière, qui accordait le statut d’État d’observateur non membre à la Palestine.

L’annonce du projet de nouvelles constructions dans le secteur E1, qui relierait Maalé Adoumim à des quartiers de colonisation juive à Jérusalem-Est, a été condamné à travers le monde par les alliés du Canada, dont les États-Unis, qui avaient, comme le Canada, voter contre la résolution sur la Palestine.

La gouvernement Harper a été critiqué pour être demeuré silencieux jusqu’ici devant la décision israélienne, hormis une simple déclaration indiquant que des réactions unilatérales d’un côté ou de l’autre n’étaient pas bonnes pour un espoir de paix.

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Lundi, le bureau de M. Baird avait refusé de dire si le gouvernement continuait d’appuyer la politique établie selon laquelle les colonies israéliennes sont «un obstacle sérieux» à la paix.

Le gouvernement a toutefois promis, mardi, de préserver les quelque 300 millions $ qu’il verse en aide humanitaire aux Palestiniens.

Cette décision a été prise lors d’une réunion de 90 minutes, à Ottawa, à laquelle participaient le ministre des Affaires étrangères John Baird, le ministre de la Coopération internationale Julian Fantino et quatre délégués rappelés pour l’occasion.

Questionné mercredi par le Bloc québécois, le ministre Baird a maintenu la position du gouvernement contre l’acceptation de la Palestine comme observateur non-membre aux Nations unies.

Il a toutefois insisté sur le fait que ni le vote à l’ONU ni le développement des colonies ne favorisait une résolution du conflit au Proche-Orient.

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«Nous avons été d’un grand soutien par notre programme d’assistance humanitaire et économique en Cisjordanie, tout en respectant l’Autorité palestinienne.»

Le ministre a ajouté que le vote des Nations unies pour reconnaître le statut d’État d’observateur non membre à la Palestine entraînerait une réaction de la part d’Israël.

«Cela n’aidera en aucun cas le processus de paix entre les deux parties.»

John Baird répondait aux critiques du député Jean-François Fortin du Bloc québécois, qui réclamait une position plus impartiale de la part du Canada.

«Même les alliés d’Israël dénoncent cette reprise de la colonisation.»

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Israël rejette les critiques

Le gouvernement israélien a rejeté, lundi, les condamnations internationales de son projet visant à construire des milliers de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, jurant de poursuivre les constructions malgré l’opposition des États-Unis et de plusieurs pays européens.

La réaction du bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, risque de creuser davantage le fossé entre Israël et certains de ses plus proches alliés, après la reconnaissance de la Palestine comme un État par l’ONU la semaine dernière. La décision de l’Assemblée générale des Nations unies semble avoir donné lieu à des prises de position internationales plus sévères à l’égard des colonies israéliennes dans les territoires occupés.

Les ambassadeurs israéliens au Royaume-Uni, en France, en Espagne, en Suède et au Danemark ont été convoqués par les gouvernements de ces pays lundi pour des explications. Des responsables européens ont prévenu que des mesures pourraient être prises contre Israël.

Le premier ministre italien, Mario Monti, et le président français, François Hollande, ont publié un communiqué commun dans lequel ils se disent «profondément préoccupés» par les projets israéliens de colonisation. Les deux dirigeants, qui se sont rencontrés à Lyon, en France, ont qualifié les décisions israéliennes de «graves et illégales» et ont estimé qu’elles représentaient «un obstacle sérieux» à la paix dans la région.

Action nuisible à la paix

Les États-Unis ont estimé que la décision du gouvernement israélien de poursuivre la colonisation était «particulièrement nuisible» pour le processus de paix au Proche-Orient. Mais le Canada a refusé de se joindre aux condamnations internationales.

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L’Assemblée générale de l’ONU a approuvé la semaine dernière une résolution reconnaissant un État palestinien composé de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, des territoires occupés par Israël depuis la guerre de 1967.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, refuse de revenir aux frontières de 1967. Son gouvernement craint par ailleurs que les Palestiniens se servent de leur nouveau statut à l’ONU pour se joindre à la Cour pénale internationale et poursuivre Israël pour crimes de guerre.

Mais Israël n’a rallié que huit pays dans son opposition à la résolution, dont les États-Unis et le Canada, un vote qui est considéré comme un rejet de la colonisation israélienne par la communauté internationale. Les alliés européens d’Israël (le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et la France) se sont abstenus ou ont voté en faveur de la demande palestinienne.

Israël a condamné ce vote, qu’il considère comme une tentative des Palestiniens de contourner les négociations. Le gouvernement Nétanyahou affirme que la résolution empêchera la conclusion d’un accord sur les frontières en endossant les revendications territoriales des Palestiniens.

Transferts de taxes suspendus

La réaction israélienne au vote de l’ONU a été rapide et forte. Quelques heures seulement après le vote de jeudi, le gouvernement israélien a annoncé son projet de construire 3000 nouvelles résidences dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Il a également annoncé son intention d’entamer des travaux de construction dans le secteur sensible E1, près de Jérusalem, qui auraient pour effet de couper la Cisjordanie en deux.

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Le gouvernement israélien a également décidé de suspendre les habituels transferts de taxes à l’Autorité palestinienne et de se servir de l’argent pour régler les dettes palestiniennes chez les prestataires de services israéliens.

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