Le Canada dirigera le Conseil de l’Arctique

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Publié 01/01/2013 par Bob Weber (La Presse Canadienne)

à 11h11 HNE, le 30 décembre 2012.

Le Canada profitera de ses deux années à titre de leader du Conseil de l’Arctique afin d’en promouvoir le développement et de défendre ses politiques, selon des politiciens fédéraux et certains documents.

Des experts de l’Arctique et des intervenants liés au Conseil de l’Arctique sont cependant inquiets et remettent en question cette approche, dans un contexte où le corps diplomatique doit gérer des dossiers internationaux cruciaux, tels que le réchauffement de la planète et un traité sur la prévention des déversements de pétrole.

Le Conseil de l’Arctique est formé de huit pays qui ceinturent le pôle Nord — le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Fédération de Russie, la Suède et les États-Unis — avec la participation de groupes autochtones.

Depuis sa création à Ottawa, en 1996, il est passé d’un forum de recherche et d’un lieu d’échanges diplomatiques à une organisation négociant des traités internationaux contraignants, comme celui de 2011 sur les opérations de sauvetage dans l’Arctique.

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La présidence du Conseil change à tous les deux ans, et le tour du Canada aux commandes s’amorcera en mai. Ottawa présidera l’organisation alors que celle-ci s’apprête à finaliser un traité sur la prévention des déversements de pétrole, et que les craintes augmentent sur la réglementation de pêcheries dans l’Arctique et la navigation accrue dans les eaux nordiques, alors que le niveau des glaces est à la baisse.

«Les dossiers ont pris de plus en plus d’importance avec le réchauffement planétaire», affirme l’ancienne ambassadrice du Canada pour ce secteur, Mary Simon, qui a contribué à négocier l’entente ayant mené à la création du Conseil.

«Les prédictions formulées il y a seulement deux ans ne tiennent plus. Les huit pays du Conseil mais aussi d’autres nations, comme la Chine et le Japon, voient maintenant l’Arctique bien différemment.»

Des institutions comme le Munk-Gordon Arctic Security Program et l’Institut Rideau souhaitent un agenda qui s’attaque aux questions émergentes en amont. Ils ont suggéré que le Canada fasse la promotion des pêcheries de l’Arctique et de la réduction de la carbone noir, lequel accélère l’érosion des glaces, ainsi que de l’adoption de normes obligatoires en matière de sécurité pour la navigation arctique.

«Tous les dossiers sont urgents, soutient Michael Byers, un expert de l’Arctique qui enseigne le droit international à l’Université de la Colombie-Britannique. Personne ne peut se permettre de voir la présidence canadienne rester les bras croisés pendant deux ans.»

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Un document qui a circulé dans plusieurs rencontres s’étant tenues dans le Nord laisse toutefois croire que la priorité du Canada sera le développement.

«Le développement durable des ressources naturelles, auquel les pays concernés participent en plus d’en bénéficier, est au coeur de l’avenir économique de la région polaire, peut-on y lire. Des initiatives du Conseil pourraient prendre source dans cette idée et soutenir les priorités canadiennes sur l’augmentation des investissements et le développement des ressources nordiques.»

Le document évoque aussi la nécessité d’une navigation «responsable et sécuritaire» dans l’Arctique.

La ministre fédérale de la Santé Leona Aglukkaq, qui représentera le Canada au Conseil, y voit une occasion de corriger certaines perceptions en faisant mieux connaître les efforts canadiens pour protéger et valoriser l’Arctique.

Michael Byers prévient toutefois que cette approche pourrait être trop limitée — en plus d’être inappropriée dans les circonstances.

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«Le gouvernement canadien doit mieux communiquer ses politiques en ce qui a trait à l’Arctique. Mais ce n’est pas le rôle de la présidence du Conseil de faire les relations publiques d’un pays en particulier, prévient-il. La présidence doit rassembler les capacités collectives pour réaliser des choses importantes qui ne pourraient pas être concrétisées par un seul pays.»

Whitney Lackenbauer, analyste et historien de l’Arctique à l’Université de Waterloo, s’inscrit un peu dans la même ligne de pensée.

«Il y a des pratiques à imiter qui viennent du Canada et parfois ce n’est pas bien connu, mais j’espère que notre but ne sera pas de faire valoir nos succès en priorité, dit-il. Il faut que les démarches aillent au-delà de ce que le Canada accomplit.»

Le Canada devra composer avec certains dossiers épineux de la présidence suédoise qui s’achève, notamment sur la façon d’agir avec les États ne faisant pas partie du Conseil qui veulent malgré tout prendre part à ses délibérations.

Leona Aglukkaq souligne que le Canada a accepté d’évaluer sous quelles conditions des applications de la Chine ou de pays de l’Union européenne devraient être considérées. La ministre, elle-même d’origine inuite, promet que les peuples nordiques seront au coeur de la présidence canadienne.

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«L’orientation générale de ce que j’ai présenté est de mettre les gens du Nord en premier — du développement dont les peuples nordiques vont bénéficier.»

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