Finie la lune de miel entre le Burkina et les organisations non gouvernementales (ONG)! Le pays aux 16 000 ONG a décidé de faire le tri entre les fausses associations, opportunistes et attrape-sous, et celles qui contribuent réellement au développement, assurant même parfois des tâches qui incombent à l’État.
Désormais, toutes les ONG intervenant au Burkina devront remplir chaque année des fiches d’évaluation. Ces formulaires permettront au gouvernement de mesurer leur contribution au développement et, par la même occasion, de déceler les ONG fictives.
La volonté de l’État burkinabé de mettre de l’ordre dans le milieu associatif n’est pas nouvelle. Mais, au début de l’année, un nouveau scandale est venu en rappeler l’urgence: un responsable d’une ONG d’appui aux associations nationales a été jugé et emprisonné pour détournement de fonds. Une affaire de plus qui conforte l’idée largement répandue que les ONG s’enrichissent sur le dos des pauvres gens.
«Il y a des responsables d’ONG qu’on appelle les ‘‘mangeurs du sida’’. Ils vivent des financements du sida. Ils se pavanent dans des Patrol et des Pajeros (Ndlr: imposants véhicules tout-terrain) achetés avec l’argent du sida, alors que les vrais sidéens meurent sans rien», dénonce Jean-Pierre Ouiya, de l’ONG Agro inter, bien connu dans le milieu associatif. «C’est un monde où les bonnes intentions côtoient les pires. C’est une nébuleuse», ajoute-t-il.
Bureaux non renouvelés, présidences à vie, détournements de fonds: de nombreux responsables d’ONG foulent aux pieds les principes de la vie associative. Certaines organisations ne sont représentées que par une seule personne ou ne comptent que les membres d’une même famille: «le père, la mère, le fils, la cousine…», ironise un observateur avisé du fonctionnement des organisations de la société civile.