Le Bureau de la concurrence néglige les consommateurs francophones

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 13/01/2009 par Gérard Lévesque

Au cours de l’année 2008, plusieurs citoyens ont poursuivi en justice Premier Fitness Clubs afin d’obtenir un remboursement de sommes qu’ils avaient payées à cette chaîne qui possède et exploite en Ontario 35 centres de conditionnement physique. Les poursuites dont j’ai pu prendre connaissance ont toutes été faites dans l’autre langue officielle de nos tribunaux. Je me suis donc interrogé pourquoi seulement des consommateurs anglophones s’étaient sentis lésés dans leurs droits.

Le Bureau de la concurrence est un organisme indépendant qui vise à contribuer à la prospérité des Canadiens en protégeant et en favorisant des marchés concurrentiels et en permettant aux consommateurs de faire des choix éclairés. Dirigé par la Commissaire de la concurrence, le Bureau est responsable de l’administration et de l’application des lois fédérales suivantes : la Loi sur la concurrence, la Loi sur l’emballage et l’étiquetage des produits de consommation, la Loi sur l’étiquetage de textiles et la Loi sur le poinçonnage des métaux précieux. En 2007, le Bureau de la concurrence s’est penché sur les pratiques publicitaires de Premier Fitness Clubs de 1999 à 2004.

Au cours de son enquête sur les «frais non divulgués», le Bureau a déterminé que Premier Fitness Clubs n’a pas divulgué adéquatement dans certaines de ses offres d’abonnement faites à la radio, sur des panneaux d’affichage, dans des journaux et dans des circulaires les frais supplémentaires que les consommateurs auraient à payer. Les consommateurs répondant à une offre d’essai gratuit devaient payer pour se soumettre à une évaluation obligatoire de leur condition physique ou signer un contrat d’un an pour obtenir une période d’essai «gratuit» de 30 à 90 jours. Ainsi, le prix réel de l’abonnement était plus élevé que celui auquel la publicité donnait à penser, ce qui contrevenait aux dispositions de la Loi sur la concurrence concernant les indications fausses ou trompeuses.

À la suite de l’enquête du Bureau, afin d’éviter une procédure devant le Tribunal de la concurrence, Premier Fitness Clubs a volontairement revu ses pratiques publicitaires pour se conformer à la Loi et a signé un consentement portant sur une période de 10 ans selon lequel l’entreprise s’est engagée à payer une sanction administrative pécuniaire de 200 000,00 $; à afficher un avis correctif dans ses centres et sur son site Web; à adopter une nouvelle politique de conformité englobant les pratiques commerciales de l’entreprise; à ne faire aucune représentation fausse ou trompeuse dans son matériel publicitaire dans l’avenir; et à diffuser un avis correctif dans trois quotidiens de l’Ontario (Toronto Sun, Toronto Star et Ottawa Citizen).

Publicité

À mon avis, cette dernière stipulation visant trois journaux de langue anglaise n’a pas pris en ligne de compte les consommateurs francophones. L’avis correctif aurait dû être diffusé aussi dans le quotidien Le Droit, L’Express de Toronto et tout autre hebdomadaire de langue française publié dans une région où Premier Fitness exploite un centre de conditionnement physique.

La véracité des publicités est fondamentale pour éviter que les citoyens signent des contrats ou fassent des achats pour ensuite s’apercevoir que certains coûts n’ont pas été divulgués. En veillant à ce que les consommateurs ne soient pas incités à faire des achats sur la base d’information trompeuse, le Bureau de la concurrence doit s’assurer de ne pas brimer les droits de l’une et l’autre communauté de langue officielle. Avant que le Commissariat aux langues officielles initie une enquête sur les pratiques du Bureau de la concurrence, la Commissaire de la concurrence Sheridan Scott devrait rassurer monsieur Graham Fraser que, dorénavant, en concluant des ententes, le Bureau de la concurrence va aussi tenir compte des intérêts des consommateurs de langue française.

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur