Le Brexit, reflet des instabilités en Europe

Des négociations ardues suivies avec intérêts au Canada

Les panélistes Miloud Chennoufi (modérateur du débat), Kevin McGurgan, Mel Cappe, Armine Yaknizyan et Glen Hodgson.
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Publié 18/10/2016 par Thomson Birara

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

 Thomson Birara est étudiant en journalisme à Toronto au collège d’arts appliqués La Cité.


La première ministre britannique, Theresa May, a choisi la fin mars 2017 comme déclenchement des négociations sur la sortie du Royaume-Uni (RU) de l’Union européenne (UE), suite au référendum du 23 juin ayant amené les dirigeants de l’UE à opiner que les Britanniques ont le choix entre «une sortie pénible ou pas de sortie».

Diplomates et experts s’entendent sur une chose: le Canada doit rapidement conclure l’accord de libre-échange avec l’UE pendant que les Britanniques y font encore partie et avant l’instabilité qui suivra leur départ.

C’est du moins sur quoi sont tombés d’accord Glen Hodgson (du Conference Board du Canada) et Mel Cappe (ancien ambassadeur du Canada au Royaume-Uni et prof à l’Université de Toronto) sur le panel de quatre experts réunis jeudi dernier par le Collège Glendon et le Conseil international du Canada pour un débat sur les incidences du Brexit chez nous et sur l’avenir de la Grande-Bretagne.

«Les négociations sur la sortie de l’Union européenne seront pour moi et mes collègues la tâche la plus significative et la plus ardue que nous aurons à faire», a confié Kevin McGurgan, le consul général du Royaume-Uni à Toronto, à la centaine de personnes présentes à Glendon.

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Et les défis sont nombreux.  Le résultat du vote populaire met en péril l’unité de la Grande-Bretagne en accentuant les différences dans la société. L’Union européenne, qui craint un effet domino, n’a aucun intérêt à faciliter la tâche des Britanniques. En conséquence, l’instabilité en Europe nuit grandement aux chances du Canada de conclure rapidement l’accord de libre-échange avec l’UE.

Selon l’analyse de Glen Hodgson, le choc économique qu’anticipaient les dirigeants européens et les partisans britanniques de l’UE n’a pas eu lieu. Le principal impact majeur pour le RU est la menace du séparatisme écossais (ils ont voté pour rester dans l’Union avec une forte majorité). Nicola Sturgeon, la première ministre de l’Écosse, a redéposé récemment un projet de loi pour quitter le Royaume, malgré un résultat référendaire négatif il y a deux ans seulement.

«Le Brexit a été un vote de contestation contre nous, les experts», a évoqué Mel Cappe. Selon lui, «le vote référendaire n’est pas démocratique. On pose une question et le peuple vote pour autre chose»…  Ceux qui ont voté pour la sortie de l’Europe ne sont pas les gens d’Oxford, Londres ou Cambridge, ce seraient les gens du reste du pays que le gouvernement n’a pas aidés à s’adapter à la mondialisation de l’économie.

«Le Canada veut signer une entente avec l’UE, mais il n’y aura peut-être même plus d’Union avec qui négocier si les choses ne changent pas», prévient Armine Yaknizyan, économiste principale au Centre canadien de politiques alternatives. «Le Brexit a légitimé le Frexit de Marine Le Pen en France, le Grexit en Grèce, et maintenant l’Italie menace de quitter l’Union. Les leaders politiques ne font pas leur travail et perdent la confiance de la population», constate l’économiste.

Les discours anti-immigration pour reprendre le contrôle de l’économie n’ont pas de sens selon elle. Les pays occidentaux ont besoin d’immigration pour relance leurs économies: «nos populations sont vieillissantes, cela affecte notre productivité et notre croissance économique».

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Le Canada doit négocier rapidement l’accord de libre-échange avec l’UE pendant que les cadres légaux et administratifs sont connus. «À part les trois ministres affectés au Brexit, il n’y aucun négociateur pro-Brexit au sein du gouvernement britannique», affirme Mel Cappe. «Tous les experts anglais à Bruxelles (capitale de l’UE) sont en faveur de l’Union.»

Il rappelle que plusieurs administrations de santé publique, d’inspection des médicaments et de nourriture, ainsi que des tribunaux, se trouvent à Bruxelles. La Grande-Bretagne n’a pas les institutions nécessaires pour faire ce travail en ce moment, dit-il.

M. Cappe croit que les conséquences du Brexit seront ressenties pendant plusieurs décennies. À titre de comparaison, il a évoqué un autre événement historique: « la dernière fois que l’Angleterre s’est séparée de l’Europe, c’était d’avec l’église catholique de Rome, et les répercussions marquent encore notre quotidien!»


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Auteur

  • Thomson Birara

    Thomson Birara est étudiant en journalisme à Toronto au Collège La Cité. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

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