Françoise Hardy ne travaille pas vite, mais elle travaille bien. Produit d’un an de rendez-vous avec des artistes qu’elle a inspirés – ou vice versa, ou les deux – Parenthèses (EMI Québec) reprend une formule passablement éculée, celle du duo entre vedettes, mais ce nouvel album n’est pas chiche en petits bonheurs, tant pour la principale intéressée que pour nous.
Forcément, certains choix de partenaires ne feront pas l’unanimité (Julio Iglesias!) et certaines chansons ne présentent guère d’intérêt en-dehors de la rencontre à laquelle elles donnent lieu (Modern Style, texte sans mélodie repris ici avec Alain Delon), mais les moments de grâce nous font vite pardonner ces quelques déceptions.
Et si Hardy n’a jamais été ce que les musiciens appellent «a singer’s singer», elle a su attirer ses interlocuteurs à l’intérieur de son registre – tant vocal qu’émotionnel – ce qui lui permet de tirer le maximum de ces rencontres avec Alain Bashung (Que reste-t-il de nos amours?), Henri Salvador (Le fou de la reine), Maurane (La rue du Babouin), sans oublier son ex, Jacques Dutronc (Amour, toujours, tendresse, caresses).
Mais la palme du Grand Frisson revient assurément à Alain Souchon, qui a eu l’excellente idée d’exhumer Soleil, une perle méconnue que Françoise avait enregistrée en 1970.
De quoi espérer qu’Alain aura été assez inspiré par ce tête à tête pour envisager son propre album de duos – exclusivement féminins, bien entendu! – dans un avenir rapproché…