Le bonheur entre parenthèses

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Publié 12/12/2006 par Dominique Denis

Françoise Hardy ne travaille pas vite, mais elle travaille bien. Produit d’un an de rendez-vous avec des artistes qu’elle a inspirés – ou vice versa, ou les deux – Parenthèses (EMI Québec) reprend une formule passablement éculée, celle du duo entre vedettes, mais ce nouvel album n’est pas chiche en petits bonheurs, tant pour la principale intéressée que pour nous.

Forcément, certains choix de partenaires ne feront pas l’unanimité (Julio Iglesias!) et certaines chansons ne présentent guère d’intérêt en-dehors de la rencontre à laquelle elles donnent lieu (Modern Style, texte sans mélodie repris ici avec Alain Delon), mais les moments de grâce nous font vite pardonner ces quelques déceptions.

Et si Hardy n’a jamais été ce que les musiciens appellent «a singer’s singer», elle a su attirer ses interlocuteurs à l’intérieur de son registre – tant vocal qu’émotionnel – ce qui lui permet de tirer le maximum de ces rencontres avec Alain Bashung (Que reste-t-il de nos amours?), Henri Salvador (Le fou de la reine), Maurane (La rue du Babouin), sans oublier son ex, Jacques Dutronc (Amour, toujours, tendresse, caresses).

Mais la palme du Grand Frisson revient assurément à Alain Souchon, qui a eu l’excellente idée d’exhumer Soleil, une perle méconnue que Françoise avait enregistrée en 1970.

De quoi espérer qu’Alain aura été assez inspiré par ce tête à tête pour envisager son propre album de duos – exclusivement féminins, bien entendu! – dans un avenir rapproché…

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Amélie (en)chante!

Fruit d’une alchimie toute simple entre la voix, les notes et les mots, les chansons d’Amélie Lefebvre ont le bonheur facile et souvent contagieux, et le don de se loger entre nos oreilles comme si elles y avaient toujours été.

Prenant le parti de ne pas trop habiller ces refrains qu’Amélie nous avait habitués d’entendre dans leur plus simple appareil (une guitare, une voix), le réalisateur Dean Drouillard souligne par petites touches le climat de chacun.

Avec une palette qui emprunte au vieux jazz, à la musique gitane et à l’univers de Nino Rota (clarinette, violon, contrebasse, accordéon), Drouillard accentue subtilement l’humour, la mélancolie et la fausse naïveté qui sont au cœur de l’écriture d’Amélie (Distribution APCM), conférant à ce premier album une belle cohésion.

Si le charme opère d’entrée de jeu, l’écoute répétée d’Amélie expose les limites de sa démarche. Il s’agira maintenant pour l’auteure-compositrice de donner plus de substance à ses musiques et de puiser son inspiration plus loin que la sphère autobiographique et familiale.

Si elle y parvient tout en préservant la fraîcheur de cet opus 1, on aura toutes les raisons de lui prédire un fabuleux destin. http://www.ameliechante.blogspot.com/

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Deux voix, dix doigts

Il y a quelques mois, à Toronto, Lauraine Sigouin et Jake Levesque étaient venus partager leur passion du répertoire français et québécois avec le public de Rencontres en chansons.

Le club Tranzac s’était alors transformé en un lieu de complicité sans prétention, tandis qu’Enchanté – c’est le nom du duo formé par ces deux artistes de London – égrenait des classiques d’Harmonium (Pour un instant), de Trénet (La mer), de Chevalier (Mon manège à moi) ou de Gainsbourg (Couleur café) en formule piano-voix.

Ce premier CD d’Enchanté, autoproduit avec les moyens du bord, se contente de reproduire l’intimité de ce tour de chant, ce qui, stratégiquement et esthétiquement, semble une sage décision.

Mais si le plaisir de ses beaux moments reste fidèle à notre souvenir, force est de constater que, sous la loupe des microphones du studio, les faiblesses du duo se trouvent amplifiées, et qu’un réalisateur à l’oreille aux aguets aurait pu détecter les quelques fausses notes et suggérer à Lauraine de remiser définitivement son kazoo.

Mais dans la mesure où cet album se contente d’un rayonnement communautaire, on peut dire que l’objectif d’Enchanté est largement atteint. [email protected]

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Le cas bianca

De prime abord, 8 (Autoproduction) est un de ces albums qui possède des atouts susceptibles de piquer la curiosité d’un vaste public, tant par son alliage de langues (français, anglais, espagnol) que de styles (chanson, jazz, latin).

Mais ce troisième CD de la chanteuse franco-manitobaine Bianca Pittoors, qui réside maintenant à Ottawa, cultive ses audaces à l’intérieur des paramètres d’une musique qui n’a pas besoin d’être apprivoisée par l’esprit avant de faire effet sur les sens.

En revanche, ce à quoi l’oreille doit ici s’habituer, c’est la prononciation assez particulière qu’adopte Pittoors sur les morceaux chantés en espagnol.

Parfois, un accent qui détone peut s’avérer très séduisant (on pense à Dick Annegarn en français ou Jean Sablon en anglais), mais lorsque Bianca écorche le sublime Quizas, on se met à se demander pourquoi on écouterait cette interprétation dénaturée, alors que le même répertoire est servi avec passion et génie par Omara Portuondo ou Ibrahim Ferrer.

Dommage que ces quelques faux pas viennent rompre le charme de 8, car ses incursions dans la chanson française (Que reste-t-il de nos amours?, très subtilement «latinisé» pour l’occasion) traduisent un irrésistible bonheur de chanter. www.bianca8.com

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