Le Bloc ontarien

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Publié 17/08/2010 par Jean-Luc Bonspiel

L’Ontario s’est toujours comportée comme si sa destinée manifeste incluait la gestion unilatérale et permanente du Canada. Pour l’Ontarien moyen, l’inclusion de la capitale canadienne à l’intérieur de ses frontières ontariennes plutôt que dans un district fédéral n’est qu’un témoignage de cette volonté historique.

Il ne serait pas très difficile de concrétiser cet espoir à peine voilé, en inaugurant le plus nouveau et de loin le plus prometteur des partis politiques: le Bloc ontarien. Ce nouveau parti deviendrait le choix irrésistible de la quasi-totalité de la population de l’Ontario, tant sa mission de base répondrait au désir secret et inassouvi de ce peuple. J’entends déjà les radoteurs professionnels me répéter «Ontarien demandé!»

Précédents et plaidoyer

Le Bloc québécois est à Ottawa depuis vingt ans déjà, et l’on peut à juste titre se demander à quoi il sert au juste.

Représenter un parti qui ne pourra jamais exercer ou même être appelé à participer au pouvoir fait penser au gars qui s’est fait vasectomiser avant de fonder une famille.

Certains conspirationnistes ont même vu le BQ comme une stratégie machiavélique du pouvoir occulte pour empêcher le Québec d’avoir une influence déterminante à Ottawa.

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Avec le recul, il est de plus en plus difficile de balayer ce genre d’allégations du revers de la main. D’ailleurs, certains colportent toujours la vieille rumeur selon laquelle la création du Parti vert du Canada serait une initiative secrète de la droite pour scinder le vote du NPD.

Curieusement, on constate que les Néo-Démocrates seraient virtuellement nez à nez à nez avec les Conservateurs et les Libéraux si ce n’était de la présence des Verts.

Souverainistes monarchistes et autres fantasmes

Que les troupes de Duceppe constituaient un véritable groupe de dissidents sécessionnistes, passe encore. Mais contrairement au Sinn Féin d’Irlande du Nord, dont les députés élus n’ont jamais pu siéger au Parlement parce qu’ils refusaient de prêter serment de fidélité au trône d’Angleterre, les Bloquistes ont tous juré allégeance à la reine d’Angleterre et à ses successeurs.

Or, des individus qui donnent leur parole de façon cavalière pour le salaire et le prestige ne peuvent en aucun cas être pris au sérieux. On peut compter Gilles Duceppe dans ce groupe, lui qui a annulé son vote lors du référendum de 1980 sur la souveraineté-association (alors qu’il militait au sein du PCC-ML), prétextant que les Québécois devraient plutôt s’unir pour combattre l’ennemi commun: le capitalisme.

Ce qui ne fait que prouver que les partis politiques au Canada ne représentent pas des idéologies, mais qu’il s’agit plutôt d’associations de malfaiteurs réunis dans le dessein de contrôler le chéquier national.

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Le Bloc ontarien, par contraste, pourrait contourner l’hypocrisie et finalement dire la vérité: Toronto commande très littéralement tout le reste du pays et toute illusion de pouvoir régional est une chimère.

Vouloir, c’est pouvoir

Un projet de loi récemment introduit à la Chambre des communes augmenterait à 124 le nombre de députés ontariens à Ottawa, tout en maintenant le contingent québécois à 75 membres. C’est exactement le nombre d’individus que le premier régime minoritaire Harper a su faire élire en 2006. En cajolant des électeurs insatisfaits de l’Outaouais et de l’ouest de Montréal, il y aurait même moyen de lancer un mouvement pour créer le futur Grand Ontario.

Tout le monde y gagnerait. Au niveau des réalités objectives, rien ne serait changé, mais pensez seulement à l’extraordinaire solidarité engendrée dans le reste du Canada, dont les pires craintes et les plus profondes haines seraient enfin attisées dans un paroxysme d’animosité et d’antipathie constructives. Ce qui ne surprendra personne, puisque les appels aux sentiments les plus vils et négatifs ont de tout temps reçu des réponses enthousiastes.

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