François-Xavier Simard est surtout connu pour ses biographies de Pierre Péladeau, Jean Despréz, Fulgence Charpentier et Omer Deslauriers. En 1995 il a publié le roman Milenka et, seize ans plus tard, il revient à la prose romanesque en nous offrant Papa, parle-moi anglais comme maman! Je dis «romanesque» mais il y a peut-être une bonne dose autobiographique dans ce roman…
Papa, parle-moi anglais comme maman! raconte l’histoire du couple formé par Paul, Canadien français de souche québécoise, et Carla, d’origine autrichienne. Les parents de Carla ont un profond mépris, voire un dédain viscéral, pour les Québécois, «ce peuple de demeurés sous le joug d’un clergé rétrograde et corrompu». Ils ne digèrent pas que leur fille épouse une «personne de ce monde ignare et sans culture».
Paul sait que ses beaux-parents ne l’accueilleront jamais dans leur cœur. Mais comme ils vivent à Vancouver et que lui est établi à Ottawa, les tensions demeureront sans effet, croit-il. Mais c’est ignorer toute l’emprise de sa belle-mère qui sait «prolonger son travail de sape». En fait, dès la nuit de noces, «Paul n’aurait pu se douter qu’entre lui et sa femme, tout, déjà, tirait à sa fin.»
Vous avez deviné que le mariage aboutit à un divorce. En effet, «petit à petit, l’ennui, la déception et le regret commencent à envahir» Paul. Il se demande si Carla ne l’a pas épousé pour fuir ses parents si envahissants.
Un fils est né de cette union presque maudite, certainement maussade, et c’est Carla qui obtient la garde de Franz. Face à une belle-famille qui méprise son nom et ses origines, Paul doit se battre pour transmettre à son fils sa langue, son identité et sa culture.
Parallèlement à ses problèmes conjugaux et familiaux, Paul récolte une certaine gloire littéraire. Il est poète et rencontre un succès avec un premier recueil, puis un roman. L’auteur en profite pour glisser quelques remarques sur le milieu littéraire québécois. François-Xavier Simard écrit que «les écrivains québécois se déchirent sur la place publique depuis plusieurs années à savoir qui est québécois et qui ne l’est pas»!