Le bilinguisme appuyé par les jeunes et les anglophones

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Publié 12/09/2006 par Aurélie Lebelle

«Défendre nos langues et leur diversité notamment contre la domination d’une seule, c’est plus que défendre nos cultures, c’est défendre nos vies.» Ces propos du linguiste Claude Hagège attestent le rôle crucial de la langue dans l’identité nationale. L’enquête d’opinion publique, récemment réalisée à la demande du Commissariat aux langues officielles, a démontré que les Canadiens de toutes les provinces appuient le bilinguisme à 72%.

Un facteur de l’identité nationale mais aussi de prospérité économique, les deux langues officielles ont fortement été défendues par la population anglophone.

En 2003, un sondage d’opinion avait montré que les Canadiens étaient favorables au bilinguisme à 56%. Aujourd’hui, la tendance a nettement progressé puisque l’appui aux deux langues officielles est de 72%.

Comment expliquer ce soudain regain d’intérêt pour le bilinguisme et, à travers lui, de reconnaissance pour la francophonie au Canada?

Les anglophones de toutes les provinces du pays sont à l’origine de cette augmentation. Comme le précise Jean-Guy Rioux, président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), «ce sont les anglophones qui avaient du chemin à faire. Ils se sont rendus compte que les deux langues officielles étaient à l’origine de la fierté nationale mais avaient aussi des répercussions sur l’économie et les revenus».

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Dyane Adam, commissaire aux langues officielles, met en exergue cependant qu’un «sondage reste toujours une photo de l’opinion publique à un moment donné». Néanmoins, elle souligne le rôle majeur de la jeunesse dans les résultats du sondage: «les jeunes sont plus ouverts et appuient davantage le bilinguisme car ils reconnaissent que dans le contexte économique actuel, avoir une deuxième ou une troisième langue permet de mieux réussir sa carrière. Ils n’ont pas non plus connu les tiraillements des deux langues et n’ont donc pas les mêmes ressentiments et souvenirs que leurs aînés.»

Pour le président de la FCFA, un tel résultat est le fruit d’un long travail sur les mentalités.

«Je considère que nos associations situées dans les provinces et les territoires ont joué un rôle important pour montrer la vitalité de la communauté francophone et que celle-ci contribuait à la prospérité du Canada.»

Cela se ressent notamment sur le choix de la seconde langue vivante chez les anglophones. Le français est en effet la langue la plus populaire dans toutes les régions anglophones puisque 44% des interrogés affirment que le français est la langue la plus importante à apprendre aux enfants, loin devant l’espagnol et le chinois.

Le changement des mentalités serait lié aux décisions politiques qui ont pu influencer certaines idées reçues. «Les politiciens ont également joué un rôle important, souligne Jean-Guy Rioux. Je pense au sénateur Jean-Robert Gauthier et à son projet de loi devant la Chambre des Communes pour la promotion de la dualité linguistique, mais je pense aussi au nouveau gouvernement Harper qui n’a pas eu peur de parler, dès ses premièrs interventions, d’abord en français puis en anglais.»

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Dyane Adam y voit une incidence similaire des politiques mais aussi de multiples tendances extérieures. «Nous sommes dans une période relativement stable au niveau linguistique et de nombreux engagements de la part du gouvernement fédéral et des provinces ont bonifié la vision des deux langues officielles.»

Le sondage d’opinion a clairement fait transparaître les avantages à maîtriser les deux langues puisqu’à 89%, les Canadiens pensent que «dans le contexte actuel de l’économie mondiale, les gens qui parlent plus qu’une seule langue réussiront mieux».

73% y voient l’origine d’un pays plus accueillant pour les immigrants d’origines ethniques différentes tandis que 69% pensent que cela détermine véritablement ce que signifie être Canadien.

«Le bilan est très encourageant car cela prouve que la dualité linguistique fait partie de l’identité canadienne, explique Jean-Guy Rioux. C’est une réalité au Canada et cela nous distingue de nos voisins du Sud.»

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