Le beurre et l’argent du beurre

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Publié 25/05/2010 par Cédric Franklin

La crise actuelle de l’endettement des pays occidentaux reflète non seulement l’échec de certaines pratiques financières, mais surtout d’un contrat social qui a été truqué et abusé.

Les explications et analyses abondent en ce moment de la part de tout un chacun, experts économistes, politiciens, banquiers, etc. pour simultanément tenter d’expliquer la crise et agir en devins afin de prévoir l’avenir. Ces experts technocrates conceptualisent et circulent l’espoir de la reprise économique comme les oracles de la Grèce antique et prodiguent leur pronostic qui au fond repose toujours sur les mêmes prémisses: pouvoir d’achat et impôt.

L’économie de marché repose sur la capacité des individus et des entreprises à consommer le plus que possible et, parallèlement, de payer des impôts pour garantir et améliorer leur vie collective pour le présent et les générations à venir.

Contrat socia

Tel fut le contrat social qui s’est établi au fur et à mesure que les pays occidentaux s’industrialisaient et se développaient, surtout durant la période charnière entre 1945-1975.

Comme corollaire de ce contrat social, les individus et entreprises acceptaient de contribuer autant que possible pour l’avancement collectif; car tout un chacun y gagnait.

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Ainsi, aux États-Unis par exemple, tous partis politiques confondus s’entendaient à ce que le taux marginal le plus élevé soit de 90% durant la période 1945-1964, et de 70% de 1964 à 1982. Ce n’est pas un hasard si cette période correspondit aussi à une période de développement économique et d’investissement en infrastructures sans précédent.

Autoroutes, transports collectifs, hôpitaux, écoles, universités, couvertures médicales, agence de protection de l’environnement, etc. toutes ces institutions que nous prenons désormais pour acquis ont été établies et financées par le biais d’une fiscalité élevée.

Moins d’impôt

La «révolution» conservatrice du président Reagan a «révolutionné» le contrat social préexistant et a semé l’idée au sein de l’électorat et des politiciens qu’avec moins d’impôts le bien-être collectif, mais surtout individuel sera maximisé.

La solution prônée pour combler ce manque à gagner: l’emprunt, car il est plus facile à cacher à l’électorat et plus rapide à obtenir.

Ainsi, le taux marginal le plus élevé est passé de 90% en 1945 à 28% en 1990.

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Sur la notion que le contribuable pourra toujours payer et que la croissance, comme un miracle, résorbera toutes distorsions économiques, l’emprunt américain et des pays occidentaux ont explosé.

En 1968, en pleine période de croissance, la dette américaine représentait 909 milliards $, soit 33% du PIB de l’époque. En 1990, après la révolution conservatrice, la dette s’est accrue à 3200 milliards $, soit 56% du PIB.

Les années Clinton ont vu une relative hausse des impôts à un taux marginal à 40% versus 28% sous la présidence de Bush père, et conséquemment une relative stabilisation quant à la dette qui est passée à 5700 milliards $ en 2001, soit 58% du PIB. Mais ce fut de courte durée et la fuite en avant de la présidence de Bush fils a fait augmenter la dette à 9,985 milliards $, soit 70% du PIB.

Cette période sans surprise, a vu l’impôt sur les gains en capital et dividendes chuter à 15%, le taux marginal le plus élevé pour les contribuables revenir au niveau des années 90 à moins de 35%; le tout sur fond de guerre en Irak et Afghanistan, de pertes de compétitivité sur fond de globalisation, de dépenses exponentielles dans le domaine de la santé, la défense et sécurité sociale, etc.

Ainsi, les finances des états occidentaux se fragilisaient sous fond de populisme expéditif pour amasser des votes et assurer la réélection de leurs classes politiques et ont endoctriné l’électorat à croire que l’on peut avoir le beurre et l’argent du beurre.

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Désormais, avec un électorat particulièrement restreint dans son pouvoir d’achat faute de crédits, d’épargnes et d’emplois et des états lourdement limités dans leur capacité d’emprunter pour faire faces aux besoins croissants et coûteux de la population, le système est dans une impasse.

Certains pays comme le Canada ou les pays scandinaves ont su garder un système fiscal qui a pu s’adapter aux besoins croissants et coûteux de la population et répondre de façon responsable en temps de crise.

Mais les principaux acteurs de l’économie mondiale n’ont pas eu la même sagesse, pour de bonnes et mauvaises raisons.

Courage politiqu

La solution qui s’impose requiert un courage politique certain et une stratégie de communication qui font cruellement défaut aux politiciens actuels, tous partis confondus.

Alors que durant près de 30 ans, les politiciens ont prêché de leurs chaires l’orthodoxie voulant que l’on pût vivre bien en payant peu d’impôts et en déréglementant le plus possible les balises du système capitaliste afin de libérer les forces créatives et génératrices de profit, les contribuables désormais sont des convertis et sont mêmes près, comme en Grèce, à l’émeute contre tous changements de discours.

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