Le bassin minier des Ch’tis au patrimoine mondial

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Publié 31/07/2012 par Aurélie Resch

La nouvelle est tombée au début de ce mois de juillet 2012; Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, en France, est maintenant classé Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. La décision a été unanime. Autour, les curieux s’interrogent: Le bassin minier? Vraiment? Pourquoi? Un petit saut dans ce coin de la France m’a permis de découvrir un patrimoine hors du commun, une identité forte et de répondre à la question que certains se posent.

À une heure de train de la flamboyante capitale, le Nord de la France semble encore lécher ses blessures. Semble, seulement.

Car dans les faits, les gens rient, sortent et vivent dans un amphithéâtre d’une autre époque certes, mais qu’ils continuent d’intégrer à leur quotidien. Véritable cordon ombilical à un passé industriel révolu.

Quelques chiffres, témoins de l’ampleur de cette industrie

Quittant Lille, dépassant Roubaix et empruntant les routes de la région, je suis vite frappée par l’ampleur de la marque du passé industriel laissée sur la région.

Quelque 4000 hectares de paysage sont teintés de trois siècles d’exploitation du charbon. 87 communes, 17 fosses, 21 chevalements, 51 terrils, 3 gares, 124 cités, 38 écoles, 26 édifices religieux, des salles des fêtes…

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Je contemple cette terre fouillée et perforée tant elle était riche en houille, hérissée de terrils et de bassins miniers, de têtes de pioche et de foreuses.

Je me souviens des grandes et belles demeures des riches exploitants industriels le long des avenues entre Lille et Roubaix et je prends toute la dimension de l’essor de cette industrie et de cette fierté nationale.

L’omniprésence paysagère et culturelle de l’industrie force le respect et incite à la visite. Je mets donc le cap sur le centre historique minier de Lewarde qui détaillera pour moi ces trois cents ans de grandeur et décadence de l’industrie du charbon.

Aventure dans le monde de la mine, au cœur d’une aventure humaine sur trois siècles d’Histoire

Le site est vaste. En excellent état. À l’intérieur de ses enceintes, tout semble figer dans le temps et il en faut peu à l’imaginaire pour entende les cris et les martèlements d’outils des mineurs.

Pour l’heure, c’est plutôt tranquille et les hautes structures regardent mornes et silencieuses les visiteurs du XXIe siècle venus prendre un cours d’Histoire.

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La visite commence par le musée. Sept salles restituent avec force documents, archives, photos et mises en scène ce qui participa à placer le Nord de la France au cœur du rayonnement industriel européen.

On y découvre non seulement le mode de vie rugueux et la dureté du métier des mineurs et de leurs familles, mais aussi l’impressionnante organisation du mode de vie et de travail dans les centres miniers.

On suit avec intérêt le développement des différentes techniques d’extraction de charbon, le rayonnement de cette industrie sur le pays entier, mais aussi sur l’Europe.

Le musée nous apprend aussi sur l’odyssée humaine et sur la mise en place des mesures sociales créées à l’époque pour les travailleurs à la mine et qui eurent un impact majeur sur le reste du pays.

Je regarde les différentes présentations de l’exposition et je peux ressentir cette fierté régionale à avoir pris part à l’essor d’une industrie nationale de pointe.

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En passant devant les tableaux mettant en scène le déclin puis la mort des mines, à partir de la Première Guerre Mondiale, je comprends la tragédie qu’a vécue cette région de France.

Ensuite, une visite guidée dans les entrailles de la terre, me fera pénétrer l’univers si cher à Émile Zola dans son livre Germinal.

Grâce à une mise en scène bien orchestrée, des jeux de sons et de lumières et aux explications détaillées de la guide, je revis, il me semble, toute une époque de sueur, de labeur, de danger et de peur. Enfants, chevaux et hommes passaient le plus clair de leur vie dans des galeries exigües, sales, sombres et bruyantes.

Le bruit combiné des différentes machines, la chaleur insoutenable, la poussière soulevée par les différentes manipulations et les risques de blessures et d’explosions permanents étaient leur lot quotidien.

Quand enfin, je ressors au grand air, je cligne des yeux devant la lumière timide qui se faufile à travers les nuages massés dans le ciel.

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Je respire à grandes goulées. Cette grandeur économique, ces hommes, ces femmes et ces enfants, l’ont suée et amplement méritée. La fermeture des mines a dû les plonger dans la stupeur, puis la déprime.

Hommage leur est rendu aujourd’hui, avec leur site classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Une reconnaissance amplement méritée et bienvenue qui devrait permettre de faire rayonner cette identité unique et de lever le voile sur un héritage culturel et patrimonial encore et injustement peu connu.

Canadiens, nous pensons souvent au nord de la France grâce l’hommage rendu à Vimy aux soldats canadiens venus se battre pour la paix sur le sol français pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Lors de votre prochain passage dans cette région ou à Paris, je vous encourage à rester un peu plus longtemps et à découvrir un pan magistral de l’Histoire qui eut un impact économique et social étonnant sur le pays et les contrées voisines. Vous ne serez pas déçus.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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