L’assimilation, 
un fait de la vie?

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Publié 27/07/2010 par Réjean Beaulieu

Peut-on se demander s’il est possible d’avancer en matière de situation linguistique du français au Canada aussi longtemps que les Québécois et francophones hors-Québec ne domineront pas leur peur au sujet de la disparition graduelle du francophone «purelaine», ou natif de l’endroit?

Oui, il est vrai que le recensement de 2006 nous apprenait que dans chacune des quatre provinces de l’Ouest, l’assimilation des francophones âgés entre 35 et 44 ans s’élevait à plus de 60%. En Alberta, le taux d’anglicisation des francophones âgés de 35 à 44 ans et natifs de l’Alberta était de 88%.

En Colombie- Britannique, 83%. Le pourcentage d’anglophones bilingues dans l’Ouest se chiffrait au Manitoba à 6.5%, à 3.6% en Saskatchewan, à 5.3% en Alberta et à 6% au BC.

N’est-il toutefois pas dans l’intérêt de tout un chacun d’aller au-delà de ces statistiques pour véritablement comprendre comment ces francophones disparaissent de la carte et par quoi cette réalité est-elle au juste remplacée?

Plus important encore, comment cette nouvelle réalité joue-t-elle en leur défaveur et comment pourrait-elle leur devenir salutaire? Peut-être apprendrons-nous que la peur et le déni ont exacerbé la situation.

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Ou encore comment les élites institutionnelles continuent à se maintenir en brandissant l’épouvantail du bonhomme sept heures de ces statistiques, malgré de pitoyables résultats.

Jean Chrétien invoquait d’ailleurs en 1999 devant une assemblée de la francophonie que «l’assimilation était un fait de la vie», haussement des épaules à l’appui…

Réaliserons-nous alors que la peur résultante, malgré des taux d’assimilation criants depuis fort longtemps, nous a rendus incapables de mettre à jour nos politiques publiques en matière de dualité linguistique ou médias, parmi autres, dans un monde pourtant multilingue et super branché?

Pourrons-nous alors comprendre que cette même peur nous rend maintenant collectivement incapables de réagir rationnellement au changement de pratique proposé pour le prochain recensement?

Reconnaîtrons-nous éventuellement qu’il s’agit d’un faux débat qui siphonne des énergies précieuses qui pourraient être mieux utilisées?

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En effet, répondre à huit questions ou une trentaine ne changera absolument rien à nos politiques publiques aussi longtemps que cette peur perdurera. On devrait pourtant savoir que les mêmes actions produisent les mêmes résultats…

Comment donc aller de l’avant maintenant? Permettez-moi de suggérer comme première étape qu’on arrête de traiter ces francophones hors-Québec comme des pauvres «p’tits pittes» ou pire encore comme des colonies de lépreux.

Leurs contributions à la survie du français en Amérique devant le rouleau-compresseur de la mondialisation sauvage pourront alors être mises au jour en appui à une reprise du français en milieu minoritaire.

Que le Québec devienne souverain ou non, les Québécois devront apprendre à mieux composer avec la dualité linguistique.

Il est dans leur intérêt de dominer leurs peurs pour accéder à l’expérience disponible ailleurs. Parce que les mêmes actions keep producing the same results! 

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