Rien de plus normal qu’une comédienne commande une robe à une couturière, n’est-ce pas? Non, pas si ces deux femmes sont les protagonistes d’un roman concocté par Danièle Vallée, raconteuse hors pair. Nous sommes alors en présence d’une «zombie esclave d’une sorcière».
Le roman s’intitule Sept nuits dans la vie de Chérie et met en scène la comédienne Éva Martin, 27 ans, et la couturière Clarisse Dubuc, 39 ans. Cette dernière en est la narratrice.
Franche connivence
Au début, le grand miroir dans l’atelier de couture nous renvoie «l’étincelante réflexion d’une franche connivence». Puis, grâce à l’imagination débridée de Danièle Vallée, Éva bourre Clarisse de couleuvres, au point où la couturière se sent prise en otage des épouvantes et des cauchemars de la comédienne.
Dès la première page, la romancière énumère trente-cinq sortes de tissus. Je n’en avais jamais imaginé le quart. Et la dernière ligne de chaque chapitre reprend presque toujours deux ou trois de ces tissus – «Matelassé. Percale. Dentelle.» –, cédant parfois à des mots reliés au métier de couturière: «Dés. Papier. Ciseaux.»
Obéissance aveugle
Le titre du roman est le titre de la pièce dans laquelle Éva Martin tient le rôle principal. Nous ne connaissons pas grand-chose au sujet du scénario, nous observons plutôt Éva en faire à sa tête et Clarisse lui obéir aveuglement.
Oh, la couturière a beau hésiter, voire refuser, elle finit toujours par accepter. «Pourquoi m’a-t-elle choisie pour vivre sa folie?» Sans dévoiler le dénouement de l’intrigue, je peux vous signaler que Clarisse passera sept nuits chez Éva…