L’art de la peinture, une affaire de famille

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Publié 21/01/2014 par Gabriel Racle

Si L’Art de la peinture (De Schilderkonst) est un tableau du renommé peintre flamand Johannes Vermeer (1632-1675), peint vers 1666, la célèbre famille de peintres flamands, les Brueghel, exerçait déjà cet art depuis le XVIe siècle.

Et quelle famille! De père en fils ou en gendres, des Brueghel s’adonnent avec passion à l’art pictural en perpétuant la tradition ouverte par leur ancêtre. Tous ne produisent pas des chefs-d’œuvre inégalés, mais leurs coups de pinceaux leur valent de tenir leur place dans le groupe familial.

À tel point que l’on parle d’eux comme de La dynastie des Brueghel, en reprenant cette expression utilisée plutôt pour les familles royales. Mais rois de la peinture ne le sont-ils pas à leur époque?

C’est ce qu’une rare exposition, intitulée La dynastie des Brueghel, présentée par la Pinacothèque de Paris jusqu’au 16 mars, un musée de grande classe aussi incontournable, pour les amateurs d’art et d’histoire de l’art en visite à Paris, que Le Louvre.

Comme ses locaux sont situés derrière l’église de La Madeleine, il est facile de s’y rendre. Et le livre d’art publié à cette occasion retiendra l’attention de tous ces amateurs, qu’ils se rendent ou non à Paris.

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Les Brueghel

L’histoire des Brueghel commence avec Pieter Brueghel l’Ancien dit le Rustique, qui serait né au village de Brugel vers 1520-1525. Il devient l’élève de Pieter Coeck d’Alost (1502-1550), un artiste peintre installé à Anvers où il avait ouvert un atelier d’art, après son retour d’Italie en 1527.

Il avait adopté le style maniériste italien, qui se caractérise – pour ne pas entrer dans les détails du mouvement – par une réaction contre le perfectionnisme de l’art représentatif: tendance géométrique, déformation des perspectives, formes longilignes, serpentines des corps, raffinement et irréalisme en sont quelques-unes des marques.

Pieter se rend à son tour en Italie en 1552 et il travaille avec un artiste miniaturiste avant de revenir à Anvers.

Il part pour Bruxelles en 1562 et épouse la fille de son maître Pieter Coeck en 1563. Il aura deux fils, Pieter Brueghel le Jeune, dit Bruegel d’Enfer, en 1564, et Jan Brueghel l’Ancien, dit Brueghel de Velours. Et c’est ainsi que se crée la dynastie des Brueghel, dont la Pinacothèque présente dans son exposition les tableaux de onze d’entre eux, répartis sur plusieurs générations des XVIe et XVIIe siècles. Pieter le Rustique décède en 1569.

Des témoins de leur temps

Sous on ne sait trop quelle influence, ou peut-être motu proprio, «Pieter Brueghel l’Ancien choisit de représenter le monde de ses contemporains, des paysans auprès desquels il aimait séjourner, dans des paysages adaptés aux dimensions humaines: pour la première fois, le monde rural devient le sujet de la peinture.

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Inventeur d’un univers fourmillant de vie, animé, détaillé et décoratif, il est surnommé Brueghel l’Ancien, le Rustique, le Drôle, et connaît un véritable succès». (Communiqué du musée)

Ce faisant, Brueghel l’Ancien s’écarte de la tradition picturale en vigueur, qui ne s’intéresse guère à la réalité ambiante, mais plutôt à des sujets mythologique ou religieux et à l’art du portrait.

Apparaissent ainsi dans ses tableaux des gens modestes, des paysans au travail, des scènes de mariage ou de fêtes campagnardes, des saisons et des paysages traités pour eux-mêmes.

Les œuvres

Pour saisir cette évolution, il faut voir ces tableaux, «ces photographies» de l’époque où les appareils des réalisateurs sont le pinceau et la palette de couleurs, et dont la toile ou le bois servent de support.

Si l’on passe par Paris dans les semaines qui viennent, on se rendra évidemment à la Pinacothèque. Sinon, on peut disposer du livre d’art publié par la Pinacothèque, un livre d’un intérêt remarquable pour plusieurs raisons.

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Ce superbe ouvrage cartonné, 28,5×24,5 cm, comporte 212 pages, divisées en deux sections. Les 35 pages de la première partie regroupent quelques textes explicatifs concernant les Brueghel et leurs œuvres, avec 5 illustrations en pleine page. La deuxième section présente les œuvres exposées, tableaux et gravures, en pleine page ou en double page, en couleur avec une notice historique. On compte 99 reproductions numérotées et classées en six catégories qui suivent le parcours de l’exposition.

On a ainsi tout le loisir d’étudier et d’admirer ces œuvres, même les six tableaux truculents du Mariage paysan d’un contemporain, Marten I Van Cleve (1527-1581).

Les paysages ne sont plus des éléments décoratifs à l’ancienne, ils sont raffinés et tiennent toute leur place, mais les humains de l’avant-scène sont bien au centre de l’œuvre, parfois allégorique ou biblique.

Il faut admirer la précision du dessin des bouquets qui tiennent une place importante dans la peinture flamande. Et l’on a aussi l’occasion de voir des tableaux qui se trouvent habituellement dans des collections privées.

Pour découvrir l’art de la peinture des Brueghel, cet ouvrage est un régal pour les yeux.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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