Langues officielles: Harper promet du progrès

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 23/10/2007 par Yann Buxeda

Mardi dernier, le Discours du Trône lu à la chambre des communes par la Gouverneure générale Michaëlle Jean cristallisait une question majeure: les Libéraux allaient-ils faire tomber le gouvernement Harper ou approuver le projet conservateur pour éviter des élections?

Vingt-quatre heures plus tard, les Libéraux se sont couchés. Le camp de Stéphane Dion a montré les faiblesses d’un Parti libéral en attente de jours meilleurs et la toute-puissance d’un Parti conservateur qui tire les ficelles d’un gouvernement qui ne devrait avoir de minoritaire que le nom. Mais au-delà de l’enjeu national qui aura quelque peu fait dévier l’intérêt de ce discours, le contenu énoncé du programme des Conservateurs recelait quelques informations d’importance, notamment pour les communautés francophones.

«L’année prochaine, […] nous célébrerons le 400e anniversaire de la fondation de Québec. Le Canada est né en français. La présence de francophones partout au pays ainsi que la reconnaissance par le Parlement que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni en sont un reflet éloquent.» La formule de Stephen Harper est belle, le clin d’oeil appréciable.

Le discours du trône du gouvernement Harper version 2007 aura été teinté d’une pointe de francophonie. Pour autant, c’est avec un semblant de gueule de bois que se sont réveillés certains organismes francophones. Le discours comportait quelques annonces importantes pour la francophonie canadienne, mais l’on pourra tout de même regretter quelques omissions majeures.

En premier lieu, les déclarations relatives au Plan d’action sur les langues offficielles ont suscité soulagement mais également méfiance du côté de la francophonie.

Publicité

La Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) s’est «réjouie de voir le gouvernement fédéral annoncer qu’il proposera une nouvelle stratégie afin de concrétiser la phase suivante du Plan d’action pour les langues officielles.»

Comme le souligne la présidente de la FCFA Lise Routhier-Boudreau, cela permettra de «continuer l’excellent travail qui se fait sur le terrain dans les communautés.»

Même son de cloche du côté de la Fédération culturelle canadienne française (FCCF), qui reçoit «avec satisfaction l’annonce du gouvernement fédéral de réitérer son appui aux langues officielles avec la mise en place d’une stratégie prenant la relève du Plan d’action pour les langues officielles.»

Le scepticisme est malgré tout de mise dans certains rangs, et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) ne partage pas l’optimissme de ses camarades.

Si la présidente Mariette Carrier-Frasser a souligné la pertinence du clin d’oeil du gouvernement à l’endroit des communautés de langue française, elle déplore que le discours du trône laisse l’AFO un peu sur sa faim: «L’AFO aurait préféré lire dans le discours du trône l’élargissement du Plan d’action plutôt qu’une autre stratégie pour poursuivre le plan d’action en cours. Les francophones ont fait des gains considérables dans les derniers cinq ans, mais nous devons élargir l’offre.»

Publicité

Pas de culture ni de PCJ

La grogne de l’AFO sur les déclarations relatives au Plan d’action sur les langues officielles s’apparente donc plus à du scepticisme quant aux actions gouvernementales à venir. Un scepticisme qui touche également bien d’autres domaines, à commencer par la culture. Du côté de la FCCF, on regrette «qu’il n’y ait aucune référence culturelle dans le discours du trône.»

Comme le souligne Mme Boulay LeBlanc, présidente de l’organisme, «le Canada est une entité culturelle dynamique devant offrir un cadre d’épanouissement à ses cultures nationales». La FCCF ajoute que la culture est «bien plus qu’un bien de comsommation; elle fait partie intégrante de la mémoire, de la collectivité, de l’identité du tissu social canadien».

Autant de revendications qui laissent espérer à l’organisme que le gouvernement accédera à sa requête d’élargir le Plan d’action aux arts et à la culture. Mais l’incontestable fausse note – stratégique – du gouvernement Harper à l’endroit des communautés francophones restera sans doute le mutismee face à la polémique entourant le Programme de contestation judiciaire (PCJ).

S’il eût été surprenant de la part du gouvernement Harper d’annoncer un rétablissement du PCJ lors du discours du trône, les organismes se sont unanimement montrés déçus qu’il n’y ait même pas eu mention du sujet.

À noter que l’ablation du PCJ avait fait l’objet d’un rapport détaillé du Commissaire aux langues officielles Graham Fraser la semaine passée. L’épreuve rendue remettait clairement en cause la légitimité des coupures budgétaires du gouvernement Harper à l’endroit du PCJ.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur