Laissez-moi rêver…

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Publié 09/02/2010 par Bruno Marquis

Le premier ministre canadien Stephen Harper s’est engagé à faire de la résolution de la crise mondiale de l’assainissement et de l’accès à l’eau potable l’une de ses priorités lors de la rencontre du G8 qui se tiendra dans moins d’un mois, à Muskuka, en Ontario. Cette décision s’ajoute à celle formulée en janvier d’y aborder la question de la santé des femmes et des enfants dans les régions les plus vulnérables de la planète.

Cette volte-face du Canada sur la question de l’eau potable en a surpris plusieurs à la veille de cette rencontre des huit des grandes puissances du globe. Seuls le Japon, l’Allemagne et la Russie se sont jusqu’ici montrés réceptifs à cette initiative inattendue.

M. Harper a expliqué à la Chambre des communes que le manque d’accès à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement de base, comme des latrines, était au coeur des problèmes d’éducation et de développement dans de très nombreuses régions du monde.

«L’éducation de base est un élément essentiel du développement, a-t-il expliqué. C’est un des outils les plus puissants pour réduire la pauvreté et les inégalités et poser les assises du développement humain. Nous devons donc absolument combler ces besoins essentiels que sont l’accès à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement de base.»

«Plus de 1,2 milliard de personnes vivent actuellement avec moins d’un dollar par jour, a poursuivi le premier ministre lors d’un point de presse. C’est un cinquième de l’humanité et nous devons mettre un terme à cette misère. En tant que regroupement des pays les plus riches du monde, le G8 doit montrer l’exemple en plaçant l’assainissement là où il doit être – avec l’environnement, l’alimentation et la démocratie – c’est-à-dire au premier plan!»

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Pour ce qui est des moyens concrets pour s’attaquer à ces problèmes, le premier ministre a expliqué qu’il comptait convaincre ses homologues du G8 d’investir les sommes nécessaires à cette fin dans le Fonds mondial pour l’assainissement géré par l’Organisation mondiale de la santé. Il s’est toutefois refusé à donner plus de détails.

M. Harper s’est aussi engagé à tout faire pour soustraire l’accès à l’eau potable des intérêts privés afin d’en faire, comme il se doit, une responsabilité publique.

«L’eau potable est un bien commun nécessaire à la survie de l’humanité, a affirmé le premier ministre, et non un vulgaire bien marchand.»

Son gouvernement compterait également oeuvrer en faveur de l’annulation de la dette des pays du tiers-monde. Il a rappelé que: «Chaque année, plus d’argent s’en va vers les pays du Nord pour payer la dette que vers les pays du Sud par le truchement de l’aide et du commerce combinés».

«Aucun plan sérieux pour résoudre la crise de l’eau ne peut ignorer la pauvreté des pays du Sud et le rôle qu’y joue le remboursement de la dette», a-t-il rajouté.

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Interrogé sur ce qu’il adviendrait, dans ce contexte, des discussions en cours sur l’aide aux entreprises privées, la lutte au terrorisme et de possibles interventions militaires dans différents conflits mondiaux, le premier ministre a répondu que «la meilleure façon de lutter contre le terrorisme et de promouvoir la démocratie, ce n’est pas de défendre financièrement et militairement les intérêts des grandes entreprises, mais de répondre aux besoins fondamentaux des populations».

Les trois partis d’opposition, que ce changement de priorités semble avoir pris au dépourvu, ont applaudi la décision du premier ministre. (…)

La rencontre du G8 à Muskoka, en Ontario, n’aura lieu que du 25 au 27 juin 2010. Rien de tout cela n’a donc encore eu lieu. Mais pour ce que ça coûte de rêver.

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