L’aérospatial inaugure une quatrième révolution industrielle

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 24/05/2016 par François Bergeron

Les industries aéronautiques américaines et européennes sont stimulées par les commandes militaires et d’autres aides gouvernementales. On n’a donc pas à se scandaliser, chez nous, quand Bombardier obtient quelques milliards du gouvernement du Québec et éventuellement d’Ottawa pour développer un nouvel avion.

C’est l’opinion de Suzanne Benoît, la pdg d’Aéro Montréal, le regroupement des fabricants d’avions et d’équipements qui font de la métropole francophone l’une des trois plaques tournantes mondiales de cette industrie, avec Seattle et Toulouse.

La «grappe aérospatiale» québécoise est d’ailleurs «complémentaire» à celle de l’Ontario (le Ontario Aerospace Council), a-t-elle expliqué à la tribune du Club canadien de Toronto mardi dernier.

Celle de Montréal est dominée par quatre grands constructeurs: Bombardier (avions), Bell Hélicoptères, CAE (simulateurs) et Pratt & Whitney (moteurs). Tandis que celle de l’Ontario compte un grand nombre de petits et moyens équipementiers et fournisseurs de services… comme AirStart, le «dépanneur» de pièces d’avion fondé par Rob Wills et Anne Vinet, la prochaine présidente du Club canadien.

Mme Benoît rêve d’un «corridor Nord-Est» associant les intervenants du Québec, de l’Ontario et des états américains avoisinants.

Publicité

«Toutes les mesures publiques permettant de soutenir ou de retenir notre industrie aéronautique sont les bienvenues», résume-t-elle. «Aux États-Unis, Boeing fait financer presque toute sa recherche et son développement par le Pentagone.»

100 000 vols par jour

En plus de participer aux importants salons de l’aéronautique comme ceux du Bourget, de Farnborough, de Berlin ou de Moscou, Aéro Montréal sert notamment de «think tank» et de forum de concertation entre nos trois niveaux de gouvernements, les 250 entreprises et les syndicats de l’aéronautique.

Ce secteur, champion de l’exportation au Québec, emploi directement 40 000 personnes et en génère indirectement au moins 100 000, rappelle Mme Benoît.

Sa croissance ne se dément pas, l’OACI estimant qu’on aura besoin de 38 000 nouveaux appareils dans le monde, notamment en Asie, au cours de la prochaine décennie. Et d’ici 15 ans, le nombre actuel de 100 000 vols par jour va doubler.

«Notre principal défi est de gérer la croissance» dans un milieu où la concurrence américaine, européenne, et de plus en plus russe, brésilienne, chinoise, est féroce.

Publicité

Selon Mme Benoît, l’industrie est consciente qu’elle doit produire des avions toujours plus performants, silencieux et à empreinte environnementale réduite. «Déjà, nous avons réussi à réduire de 50% les émissions d’oxyde d’azote.»

Automatisation

La pdg d’Aéro Montréal affirme que son secteur est en train d’entraîner une «quatrième révolution industrielle», ce qu’on appelle déjà dans le jargon «industrie 4.0».

Cette révolution sera caractérisée par «l’automatisation, le 3D et l’intelligence artificielle», dit-elle. «L’ère des avions sans pilote est peut-être plus proche qu’on le croit: d’ici 30 ou 40 ans. Ça se discute déjà beaucoup chez nous.»

Par ailleurs, en réponse à une question d’un convive du Club canadien, Suzanne Benoît a qualifié de «toujours positive» son expérience de dix ans dans un milieu encore largement masculin. «J’ai souvent été la seule femme dans les activités et je me suis toujours sentie comme faisant partie de la gang. Je n’ai jamais été harcelée.»

Son conseil aux femmes que l’aérospatiale ou d’autres industries plus masculines intéressent: «restez passionnée, travaillez fort… et insistez pour concilier le travail et la famille».

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur