L’abc des éponymes

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Publié 13/02/2007 par Martin Francoeur

Si vous êtes des habitués de cette chronique, vous savez probablement ce qu’est un éponyme. J’en ai déjà glissé un mot. Mais je n’avais jamais vraiment osé entrer dans le détail parce que la recherche s’avérait fastidieuse. Cette fois, j’ai trouvé l’aventure tellement conviviale et tellement enrichissante que j’ai décidé de la partager avec vous.

Mettons les choses au clair. On définit un éponyme comme étant un mot formé à partir d’un nom propre. Il arrive, en français, que des noms communs aient pour origine le nom d’une personne, d’un personnage mythique ou d’un lieu. On peut ainsi désigner des inventions, des faits, des objets, des lieux, des théories, des arts, des époques, des fleurs, des unités de mesure et tant d’autres choses encore.

Évidemment, il y en a beaucoup. En fait, beaucoup plus qu’on pense. Voici donc quelques belles trouvailles commençant par les lettres «a», «b» et «c».

L’histoire derrière les mots nous réserve d’étonnantes surprises. Le mot «académie», par exemple, désigne un ensemble de personnes savantes ou une école. Il vient du grec «Akadêmos», qui est le nom d’un héros grec dans le jardin duquel Platon aurait enseigné.

Les noms de personnes sont pratiques pour désigner certains objets. En mathématiques, les algorithmes sont des règles permettant de résoudre un problème. Le mot vient de «al-Khawarizmi», un médecin et mathématicien persan! En patinage, un «axel» désigne un type de saut. Le nom vient d’Axel Polsen, un patineur suédois qui a popularisé cette figure. Même notre continent, l’Amérique, doit son nom à un personnage. Amerigo Vespucci est un navigateur italien qui aurait découvert le continent.

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Le mot «barème», qui désigne un répertoire de calculs ou de chiffres, vient de François Barrême, un mathématicien français qui a inventé ce type d’outil. Le «bottin» téléphonique est toujours très pratique. C’est grâce à un autre Français, Sébastien Bottin, un administrateur et statisticien qui a publié le premier annuaire téléphonique en France. Même chose pour le «calepin», qui nous vient d’un Italien. Ambrogio Calepino est un religieux qui rédigea un dictionnaire.

Le «boycottage», qui est un arrêt des relations commerciales, nous vient de Charles Boycott, un intendant irlandais auquel des tenanciers auraient refusé de payer leur loyer à cause de sa sévérité!

Un «cardigan» est une veste de tricot qu’on boutonne à l’avant. Et c’est J.T. Brudenell, comte de Cardigan, qui a popularisé ce vêtement. On dit de quelqu’un qu’il est «chauvin» s’il manifeste un patriotisme démesuré. Ce que l’on sait moins, c’est que ça vient de Nicolas Chauvin, un soldat enthousiaste et naïf, paraît-il…

Les lieux géographiques sont aussi une bonne source pour former des noms communs. La pierre précieuse que l’on appelle «agate» tire son nom du fleuve Agate, un cours d’eau sicilien où on a trouvé cette pierre. Dans un même ordre d’idées, la «bauxite», une roche utilisée dans la fabrication de l’aluminium, tire son nom des Baux-de-Provence, un charmant petit village français où cette roche a justement été découverte.

La «baïonnette» vient de Bayonne, une ville où on fabriquait cette arme. Le «baldaquin», qui désigne une tenture décorative au-dessus d’un lit, vient de Baldacco, l’ancien nom de Bagdad, une ville où on fabriquait des étoffes. Parlant d’étoffe, le «bikini» a été ainsi appelé d’après un récif du Pacifique où eurent lieu… des essais nucléaires!

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Le «badminton», ce sport de raquette que tout le monde connaît, tire son nom du château de Badminton, en Angleterre, où on pratiquait un sport semblable. La «bourse», ce lieu où l’on effectue des transactions, n’a aucune origine grecque ou latine. Le mot vient de Van der Burse, qui est le nom d’un hôtel de Bruges, en Belgique, qui recevait des commerçants.

Il arrive même qu’on ait droit à des cheminements fascinants. Les «bermudas» sont ainsi nommés d’après les Bermudes, un archipel de l’Atlantique où on porte ce type de short. Mais les Bermudes tirent elles-mêmes leur nom d’un navigateur espagnol du nom de Juan Bermudez, qui a découvert l’archipel.

Les éponymes sont pratiques pour désigner des unités de mesure. On peut penser à l’ampère (du mathématicien et physicien français André-Marie Ampère), au becquerel (d’Henri Becquerel, physicien français), aux degrés Celsius (du nom d’Anders Celsius, astronome et physicien suédois) ou au curie (de Pierre et Marie Curie, physiciens français). Ils sont aussi utiles pour désigner des fleurs (bégonia, camélia), des mois (août), des fromages (brie, cheddar) ou des vins (bordeaux, champagne).

Enfin, on retiendra que le «cobalt», un métal blanc grisâtre, est ainsi désigné d’après le nom de «Kobold», un lutin qui hantait les mines… On a cru, pendant un temps, que ce métal était ensorcelé!

Je prends l’engagement de m’aventurer plus loin dans la liste des éponymes et, dans une ou plusieurs prochaines chroniques, de partager mes découvertes.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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