L’abattage rituel halal est loin de faire l’unanimité. L’argument le plus souvent avancé par ses détracteurs est celui de la cruauté. Selon eux, il serait plus souffrant pour la bête que l’abattage traditionnel chez nous. Or, ce n’est pas nécessairement le cas, du moins quand c’est bien fait.
Au cœur du débat se trouve le refus, par une majeure partie des adeptes de l’abattage halal, que l’animal puisse être insensibilisé (ou étourdi) avant d’être abattu, comme c’est le cas pour l’abattage standard. Toute la question de la souffrance animale se cristallise donc dans le laps de temps écoulé entre l’abattage et la perte de conscience de l’animal.
Une douleur démontrée
En 2009, une série d’études menées par des scientifiques de l’Université de Massey, en Nouvelle-Zélande, a cherché à mesurer la douleur ressentie chez des veaux durant cet intervalle entre l’abattage et la perte de conscience.
Cette recherche — citée par le New Scientist — a permis de mesurer par encéphalogrammes les signaux cérébraux associés à la douleur chez les veaux soumis à une incision du cou, selon qu’ils aient été étourdis au préalable ou non. Chez les veaux non insensibilisés et soumis à une incision conforme à l’abattage rituel musulman et juif, les chercheurs ont relevé des signaux de douleur d’une durée pouvant aller jusqu’à deux minutes suivant la coupe.
Ces travaux ont également démontré que la douleur enregistrée provenait de l’incision des nerfs du cou et non de la saignée, mettant en évidence que les nerfs sectionnés continuent de transmettre des signaux de douleur jusqu’au décès de l’animal.