«L’art de la tapisserie, trop méconnu du grand public tant sur le plan purement esthétique que sur le plan technique, semble parfois trop discret pour faire sa place dans la mémoire culturelle.» Et même dans L’Express, le journal de langue française du Canada qui accorde la plus grande place à la culture, l’art de la tapisserie n’est pas encore représenté.
Si les lignes citées plus haut de la journaliste Laetitia Moreni sont justifiées, il y a aussi une explication à sa constatation et à celle concernant ce journal. Les expositions consacrées à la tapisserie sont rares, de même que les livres d’art qui en traitent. On n’a donc pas d’occasions concrètes et accessibles d’en parler, d’où découlent méconnaissance et oubli. On mémorise ce que l’on voit, entend ou connaît.
Le tissage
Heureusement, un petit livre va nous permettre de combler cette lacune, d’une façon simple et illustrée. Mais il faudrait d’abord décrire brièvement la genèse d’une tapisserie. Alors que la peinture est une technique artistique relativement simple, qui s’est développée dès l’art rupestre des cavernes, l’art de la tapisserie nécessite une technique complexe, celle d’un métier à tisser.
Le métier à tisser est un instrument très ancien, qui s’est perfectionné au fil du temps, mais dont les principes de base sont restés identiques au cours des âges. On connaît des représentations de métiers plus ou moins rudimentaires qui remontent dans la nuit des temps. Les archéologues ont retrouvé en Turquie et en Palestine des morceaux de tissu tissé datant de la période néolithique, dont on situe les débuts vers 9000 ans avant notre ère.
En Mésopotamie, des métiers à tisser apparaissent sur des sceaux cylindriques du IIIe millénaire avant notre ère. En Égypte, des archéologues retrouveront des fragments de tapisserie dans la tombe du pharaon Toutânkhamon (vers 1345 av. J.-C, vers 1327 av. J.-C). Certains vases grecs anciens portent des illustrations de métier à tisser.