Lettre adressée à «Môssieu» Martin Francoeur (chronique «En bon français»)
Je suis traducteur et on me pose souvent la question de la différence entre le «Parisian French» et le «Canadian French». Ma réponse est toujours la même: le français parisien n’existe pas, c’est une invention des Québécois qui ont sur les épaules un problème politique. À savoir qu’ayant une culture typiquement nord-américaine, ils utilisent la langue française pour tenter de se distinguer des provinces anglophones.
D’autre part, cela leur permet d’exercer une discrimination subtile vis-à-vis des francophones nés à l’extérieur du Canada qui «n’ont pas d’expérience ou de diplômes canadiens».
Il n’y a, à mon avis, qu’une langue française «standard» utilisée par la très grande majorité des francophones. Le Québécois est un dialecte qui contient du français, mais qui ne peut prétendre avoir des racines purement françaises. On aura en effet beaucoup de mal à me faire croire que «compétitionner», «canceller», «char», «j’ai une grenouille dans la gorge» et autres «pinotes» nous arrivent des marais poitevins.
Dieu soit loué, nous avons toujours l’Académie française et les protecteurs de notre langue, dont Koffi Annan, Boutros Boutros-Ghali et Abdou Diouf (à qui le Canada a su offrir un accueil particulier, mais bien canadien, récemment à Toronto).
Faut-il rappeler que l’Académie accueille depuis toujours des francophones de haut niveau et que la nationalité n’est pas un critère d’admission (quatre immortels actuels sont nés à l’étranger). Certains «étrangers» ont beaucoup apporté à notre langue et il serait souhaitable que les Québécois apportent leur pierre à l’édifice plutôt que de nous mêler à un combat politique qui ne nous regarde pas.