La RDC, «capitale mondiale du viol»

Soirée conférence et théâtre de la Jeunesse Congolaise du Canada

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Publié 03/04/2012 par Nourhane Bouznif

Les revendications quand il est question des droits des femmes ne s’arrêtent pas à la journée du 8 mars. C’est ce qu’a montré la Jeunesse Congolaise du Canada (Jeunesco) en organisant une soirée conférence en présence du député Jim Karygiannis, du professeur Gertrude Mianda et de l’historien Albert Buyamba, suivie d’une pièce de théâtre à l’auditorium de l’école secondaire catholique Bishop Marrocco/Thomas Merton.

Au centre des allocutions du samedi 24 mars, la situation alarmante en République Démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), où viols et mutilations des femmes se perpétuent depuis maintenant 15 ans.

Toutes les heures, 48 femmes sont victimes de viol en République Démocratique du Congo, d’après une étude universitaire publiée en 2011 dans la revue The American Journal of Public Health.

Les chiffres font froid dans le dos et inquiètent. C’est pour que l’on ne reste pas indifférent face à cette situation dramatique pour les femmes que Jeunesco organisait une conférence.

La soirée a débuté solennellement par les hymnes nationaux de la RDC et du Canada, puis le public a été invité à observer une minute de silence.

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Insécurité

La République démocratique du Congo est le théâtre d’une guerre qui sévit depuis de nombreuses années.

La situation commence à se dégrader sérieusement en 1996 lors de la première guerre de la RDC. A la tête du pays depuis 37 ans, le maréchal Mobutu est renversé l’année suivante par Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL).

En novembre dernier, Joseph Kabila, au pouvoir depuis l’assassinat de son père en 2001, est réélu président de la République.

Député libéral de Scarboroug-Agincourt, Jim Karygiannis est intervenu durant la conférence pour s’élever contre les résultats de cette élection que beaucoup jugent truquée. «L’élection de l’année dernière était antidémocratique», a-t-il déclaré.

«La plus grande insulte est que le Canada n’ait envoyé que six observateurs. On doit demander au gouvernement pourquoi on n’en fait pas plus pour l’Afrique et le Congo.

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On devrait aller à l’ONU et demander que la cause congolaise soit une priorité.»

Jim Karygiannis a ensuite invité l’audience à signer une pétition en ligne sur son site (jimkarygiannis.net/congo_petition), qui demande au gouvernement canadien et à l’ONU d’agir pour rétablir la démocratie en RDC.

Le viol comme arme de guerre

À l’heure actuelle, la population congolaise fait face à des violences perpétrées par des groupes rebelles, notamment rwandais et ougandais, qui sévissent dans l’est du pays.

«Ce sont des voyous qui sèment la terreur au Congo et qui violent», s’indigne l’historien Albert Buyamba. Les violences sexuelles sont telles que le pays a été surnommé «capitale mondiale du viol» par l’ONU.

Des lois punissant les violeurs existent pourtant, mais elles sont «timidement ou insuffisamment appliquées», selon Albert Buyamba.

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Le viol est employé comme une arme de guerre, détruisant des femmes, des enfants, mais aussi des hommes, ce dont on parle moins.

«En violant les femmes congolaises, c’est tout le pays qu’on cherche à atteindre, explique-t-il, car ce sont elles le moteur de la vie dans ce pays.»

Les conséquences des viols sont considérables, avec des traumatismes physiques et psychologiques bien souvent irréversibles. Les mutilations dont certaines femmes sont victimes endommagent leurs organes génitaux, les empêchant plus tard d’avoir des enfants.

D’autres femmes se retrouvent enceintes de leur agresseur, mettant au monde un «bâtard», selon les mots d’Albert Buyamba.

«Cet enfant sera discriminé par le reste de la société», ajoute-t-il. Sans oublier que ces femmes risquent de contracter le SIDA et autres maladies sexuellement transmissibles.

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Droits des femmes

Difficile alors de faire évoluer les droits des femmes dans un pays où certaines régions sont ravagées par la violence.

Pour Gertrude Mianda, professeur à l’Université de York, l’autonomie des femmes reste quoiqu’il en soit un défi de premier plan en République Démocratique du Congo.

La constitution du pays est «très égalitaire», selon Gertrude Mianda. Mais cette égalité homme-femme est remise en cause par le Code de la famille, établie en 1987, qui stipule que «la femme doit obéissance à son mari».

Un homme peut mettre fin à l’emploi de sa femme s’il considère que son activité professionnelle nuit à la cohésion de la famille, signale Gertrude Mianda.

Les Congolaises ont cependant un rôle primordial dans le fonctionnement de la société, contrôlant la production agricole du pays d’un bout à l’autre de la chaîne, poursuit-elle.

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«Rendre les femmes plus autonomes est un des défis actuels de la société congolaise» souligne Gertrude Mianda, même s’il n’est pas facile de penser à l’autonomie des femmes dans une situation d’insécurité permanente.

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