La RAMQ va cesser de communiquer en anglais avec les immigrants

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Publié 22/12/2011 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 13h23 HNE, le 22 décembre 2011.

QUÉBEC – Pour encourager la francisation, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) va cesser de communiquer en anglais avec des milliers de nouveaux arrivants, a appris La Presse Canadienne.

À compter du 30 janvier prochain, la RAMQ limitera en effet à un an ses communications en anglais avec les immigrants allophones — même ceux ayant une connaissance approximative du français — qui se font attribuer un «code de langue» à leur arrivée en sol québécois.

Le changement est significatif. Présentement, l’immigrant allophone qui s’adresse en anglais à un agent de la RAMQ se fait automatiquement octroyer un code de langue stipulant que toute communication avec lui se fera désormais en langue anglaise, sa vie durant.

Selon les données fournies par le Secrétariat à la politique linguistique, près du tiers _ 31,46 pour cent _ des allophones qui s’établissent dans la région de Montréal demandent et obtiennent d’être servis en anglais toute leur vie par la RAMQ, passage obligé des immigrants pour obtenir une carte-soleil.

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Dès l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure adoptée par le conseil d’administration de la RAMQ, l’organisme cessera d’offrir ses services en anglais aux immigrants un an jour pour jour après l’attribution du code de langue. Les communications passeront alors au français, à moins d’une demande expresse du client.

De longs pourparlers entre le sous-ministre au Secrétariat à la politique linguistique, l’Office québécois de la langue française et la haute direction de la RAMQ ont débouché sur ce compromis.

«Que le service en anglais soit accordé pour le restant de leurs jours aux immigrants était inacceptable», a dit la ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, dans une entrevue accordée plus tôt cette semaine.

«Il s’agissait de cocher la case anglais en arrivant et ça restait pour la vie. En même temps, il fallait aussi tenir compte de la loi sur la santé qui protège les anglophones», a-t-elle ajouté.

La ministre souhaitait ce changement depuis 2010 afin que la RAMQ tienne davantage compte «du fait français».

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«Au bout d’un an, la langue des communications va automatiquement passer au français à moins d’une demande contraire, mais les immigrants devront faire la démarche. On voulait éviter que que les informations transmises aux immigrants soient en anglais ad vitam aeternam. On veut qu’il y ait un retour au français», a-t-elle déclaré.

Mme St-Pierre croit que seule une minorité de nouveaux arrivants vont exiger de continuer à être servis en anglais — un droit qui leur est garanti.

La plupart d’entre eux, selon elle, vont passer au français au terme de la période d’un an.

«Ce n’est pas une baguette magique, mais ça envoie le message que la langue officielle au Québec, c’est le français. On leur donne un an pour suivre un processus de francisation», a-t-elle fait valoir.

Malgré l’anglicisation à la Caisse de dépôt, à la Banque Nationale, chez Bombardier et à la barre du Canadien de Montréal, tout n’est pas si sombre dans le paysage linguistique québécois, a soutenu la ministre.

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«Il y a 65 pour cent des immigrants qui ont une connaissance du français lorsqu’ils arrivent au Québec, alors qu’il y a 15 ans, c’était 38 pour cent. On progresse», a-t-elle fait valoir.

Le «code de langue» de la RAMQ n’est pas un cas unique dans l’appareil d’État. La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) utilise un mécanisme semblable. La ministre St-Pierre espère que la mesure adoptée par la RAMQ «aura un effet d’entraînement» dans les autres sociétés d’État.

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