Le rythme de la phrase pour seul objectif, Damien Noury et Antoine Faure écrivent de la poésie. Influencée par le hip-hop et la prose libertine des surréalistes, la poésie de la compagnie Uppercut reprend tout de même de vieilles recettes classiques, en témoigne la présence de bon nombre d’assonances et allitérations s’entremêlant au sein d’alexandrins dynamiques. Allier la forme et le fond, le son et le sens avec les armes dont ils disposent, telle est la quête de ces troubadours des temps modernes.
Un uppercut serait certainement un peu exagéré, mais une série de gifles correspondrait mieux à ce que le public a reçu mardi dernier lors du spectacle organisé par l’Alliance française. Damien et Antoine sont passés maîtres dans la création d’enchaînements de mots qui viennent se fracasser en bout de course contre vos tympans. Vous en sortez abasourdis comme après une bonne paire de claque, d’où la métaphore.
À mi-chemin entre théâtre et chansons parlées, la pulse poésie de Uppercut prend sa source à la fin des années 90 quand Antoine entend pour la première fois du slam sur une radio alternative française. Saul Williams, un des pionniers du slam est l’invité. Il dit: «les poètes me considèrent comme un rappeur et les rappeurs comme un poète». Pour Antoine, c’est la révélation.
Comédien de formation, il ne se sent pas fait pour le théâtre classique: «C’est une nomenclature bobo. Ce n’était pas mon désir, je me suis éloigné du milieu, explique-t-il, j’ai donc fait le pari fou de devenir poète.»
Il a rencontré Damien en 1993, lors de ses études de théâtre, à Paris. En 1998, avec une troisième amie, ils fondent leur compagnie. Leur première création sera une reprise de contes burkinabés qu’ils ont totalement réécrits.