La pulse poésie à Toronto: «Uppercut poétique»

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Publié 31/03/2009 par Guillaume Garcia

Le rythme de la phrase pour seul objectif, Damien Noury et Antoine Faure écrivent de la poésie. Influencée par le hip-hop et la prose libertine des surréalistes, la poésie de la compagnie Uppercut reprend tout de même de vieilles recettes classiques, en témoigne la présence de bon nombre d’assonances et allitérations s’entremêlant au sein d’alexandrins dynamiques. Allier la forme et le fond, le son et le sens avec les armes dont ils disposent, telle est la quête de ces troubadours des temps modernes.

Un uppercut serait certainement un peu exagéré, mais une série de gifles correspondrait mieux à ce que le public a reçu mardi dernier lors du spectacle organisé par l’Alliance française. Damien et Antoine sont passés maîtres dans la création d’enchaînements de mots qui viennent se fracasser en bout de course contre vos tympans. Vous en sortez abasourdis comme après une bonne paire de claque, d’où la métaphore.

À mi-chemin entre théâtre et chansons parlées, la pulse poésie de Uppercut prend sa source à la fin des années 90 quand Antoine entend pour la première fois du slam sur une radio alternative française. Saul Williams, un des pionniers du slam est l’invité. Il dit: «les poètes me considèrent comme un rappeur et les rappeurs comme un poète». Pour Antoine, c’est la révélation.

Comédien de formation, il ne se sent pas fait pour le théâtre classique: «C’est une nomenclature bobo. Ce n’était pas mon désir, je me suis éloigné du milieu, explique-t-il, j’ai donc fait le pari fou de devenir poète.»

Il a rencontré Damien en 1993, lors de ses études de théâtre, à Paris. En 1998, avec une troisième amie, ils fondent leur compagnie. Leur première création sera une reprise de contes burkinabés qu’ils ont totalement réécrits.

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En 2002, Antoine Faure découvre le film Slam, où il retrouve, dans le premier rôle, Saul Williams, le même artiste qu’il avait entendu à la radio plusieurs années auparavant. Ce film fait l’effet d’une bombe dans les milieux alternatifs hip-hop. Le slam se fait peu à peu connaître.

Antoine joue de la batterie, il connaît les rythmes de hip-hop, mais le slam présage quelque chose de nouveau, de frais, «ça permet de sortir de la métrique hip-hop, ça permet la montée du verbe», analyse celui qui sera le premier gagnant du concours national de slam en France.

Sans contrainte rythmique, la poésie que pratique la compagnie uppercut offre la possibilité de changer la cadence, d’accélérer le débit des mots. L’écriture se fait avec un objectif d’oralité, c’est-à-dire que le verbe peut s’enflammer, devenir fou et l’argumentation perdre sa logique mais là est le but. L’écriture permet de chercher à comprendre. Uppercut le dévoile ainsi: «C’est cela que je cherche et tente de nommer.» Encore un bel alexandrin pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué.

Il faut écrire pour connaître, se laisser aller sans se soumettre à la relecture, sorte de censure pour ceux qui veulent bien dire. Lors des ateliers qu’ils donnent régulièrement, les membres de Uppercut insistent sur trois points: «Prends ta liberté, sois toi-même et ose.»

Un jour eux aussi ont osé, ce n’était pas tout tracé mais ils sont parvenus à vivre de ce qu’ils aiment, «en faisant nos propres créations», comme le rappelle Antoine. En mini-tournée Nord Américaine (Washington D.C, Calgary, Toronto, Ottawa, Halifax), ils ont offert une belle leçon de mots, et de gestes au public de l’Alliance française de Toronto.

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Vous pourrez retrouver ce spectacle en vidéo sur le site Internet de l’Alliance française à partir de la semaine prochaine: www.alliance-francaise.ca

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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