La première école française de Toronto

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Publié 24/10/2006 par l-express.ca

Le 6 octobre, notre chroniqueur Paul-François Sylvestre était l’invité du Centre des pionniers à l’occasion du dîner de l’Action de grâce. Il a prononcé une causerie sur l’École du Sacré-Cœur, première école française de Toronto. Selon lui, on peut difficilement parler de l’École du Sacré-Cœur sans d’abord faire écho aux débuts de la paroisse du Sacré-Cœur. Voici des passages de sa conférence:

Le premier curé, l’abbé Philippe Lamarche, arrive à Toronto le 24 juin 1887, célèbre une première messe dans la chapelle Saint-Vincent, au palais épiscopal, deux jours plus tard, et s’installe dans l’église presbytérienne (436 King Est) le 7 octobre 1888.

C’est au sous-sol de cette église que le curé Lamarche ouvre une première classe en 1888. Trois ans plus tard, il demande au Conseil des écoles catholiques de Toronto la permission de fonder une école qui serait logée au sous-sol, ce à quoi acquiesce le Conseil. Deux Sœurs de Saint-Joseph en prennent la direction en septembre 1891. Puis le Conseil scolaire fait construire le premier étage de l’école du Sacré-Cœur, rue Sackville, en 1896.

Quand on parle des débuts de l’école du Sacré-Cœur, on réfère le plus souvent à une école mixte, c’est-à-dire fréquentée par des enfants de langue française et de langue anglaise. Les cours ne se dispensent pas uniquement en français.

Selon Robert Gauthier, directeur de l’enseignement français au ministère de l’Éducation, de 1937 à 1965, la fondation d’une école française à Toronto date de 1940. C’est ce qu’il affirme lors d’une causerie prononcée le 9 novembre 1952, à l’école du Sacré-Cœur. Voici ses propres mots: «En 1937, il y a exactement quinze ans, nous faisions, avec l’inspecteur de langue anglaise, notre première visite ensemble à l’école du Sacré-Cœur, rue Sackville. Cette école était alors appelée The French School et était en existence comme telle depuis près de soixante ans. Malgré de louables efforts de la part du personnel enseignant et des familles, les résultats, en français tout au moins, ne répondaient pas aux désirs ni aux aspirations légitimes des parents.»

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M. Gauthier note ensuite que 150 pères de famille adressèrent une pétition au ministère de l’Éducation pour avoir une véritable école bilingue. L’expression «école bilingue» veut dire «école où la langue d’enseignement est le français». On n’employait pas alors l’expression «école française» car cela faisait sourciller certaines personnes qui croyaient que l’anglais ne s’y enseignait point.

Selon Robert Gauthier, 1940 marque la victoire de l’enseignement français à Toronto puisque Mlle Berthe Castonguay est engagée en juin 1940 pour fonder la première classe véritablement bilingue (c’est-à-dire française) à Toronto et qu’elle assume ses nouvelles et difficiles fonctions en septembre de la même année.

M. Gauthier a décrit sa visite de 1940 à l’école du Sacré-Cœur en ces termes: «C’était dans l’annexe de la French School, dans la «portable», comme on l’appelait alors, tout à côté de la cour à charbon, que la première classe française de Toronto était logée. Dix-neuf élèves, dont quelques-uns venaient des extrémités de la ville, composaient cette classe de 1re et de 2e années.»

À la fin de notre visite, j’ai serré la main de Mlle Castonguay, en lui disant, le cœur gros d’émotion et d’appréhension: «Bon courage, Mademoiselle!» et en sortant, je ne pus m’empêcher de me dire: «Si, au moins, elle ne part pas avant la fin de l’année.» Eh bien, non, elle n’est pas partie. Mlle Castonguay est restée. Et je n’hésite pas à dire que c’est elle, la fondatrice de l’école bilingue de Toronto.»

En septembre 1942, une deuxième institutrice bilingue est engagée (Yolande Pilon) et en septembre 1943, on salue l’arrivée des Dames de la Congrégation, grâce aux démarches patriotiques persistantes du professeur Jacques Leduc. Sœur Sainte-Marie-Félicien devient directrice de l’école, qui compte cette année-là 120 élèves divisés en quatre classes.

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En 1944, la directrice fonde le Cercle familial scolaire et, en 1945, on doit ouvrir une cinquième salle de classe. En 1948, l’école du Sacré-Cœur quitte la cour à charbon de la rue Sackville pour occuper son nouvel immeuble, rue Sherbourne. Enfin, les premiers pas vers une école secondaire bilingue se font en 1950 lorsque 9 élèves entre en 9e année.

Paul-François Sylvestre a conclu son exposé en regrettant que le conseil scolaire catholique (ou public) n’ait pas encore décidé de nommer une de ses écoles en l’honneur de Berthe Castonguay.

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