La photographie dans le sang

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Publié 27/04/2010 par Charlotte Vincent

Photographe depuis trois générations, Andrée Gagné prépare une exposition de photos sur les sans-abris. Intitulée Homeless/Homes, elle sera visible à partir du 1er mai à la galerie Angell dans le quartier Queen Ouest. Pour l’occasion, elle revient avecL´Express sur sa carrière de photographe, qui a commencé dans les années 70 dans l’univers de la mode.

Avec un père et un grand-père photographes, cette Québécoise avait un destin tout tracé. À 13 ans, Andrée Gagné avait déjà un appareil photo dans les mains et passait ses fins de semaine dans une chambre noire. «Je photographiais seulement des moutons et des cimetières. Je ne sais absolument pas pourquoi, je ne m’en souviens même pas. C’est mon père qui me l’a rappelé!»

Son père et son grand-père étaient tous deux photographes de presse pour le journal Le Nouvelliste de Mauricie. Ils apprirent à Andrée à apprécier la beauté de la lumière. «Une belle lumière, c’est un cadeau pour tout le monde. Mon père nous emmenait toujours voir les paysages en fin de journée», se souvient l’artiste.

Un style artistique

Ce sens de la lumière et de la composition est devenu la marque de fabrique d’Andrée Gagné. Même les photographies de mode qu’elle réalisait dans les années 70/80 étaient très, voir trop artistiques.

«J’avais une petite notoriété sur Toronto. Les agences venaient me chercher pour mon sens artistique. Mon style n’était pas assez commercial et je ne faisais pas les gros budgets comme les catalogues», raconte Andrée Gagné.

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Pendant quatre ans, elle se fait un nom parmi les photographes de mode puis s’envole en Afrique pour une mission humanitaire. Elle reviendra au Canada avec de nombreux clichés et un certain dégoût pour l’univers, superficiel, de la mode. Elle se consacre pendant de nombreuses années à la peinture et au dessin.

Sans-abris

Et la voilà de retour dans le monde de la photographie, qu’elle n’avait jamais vraiment arrêté. Elle présente une série d’une dizaine de photos sur les sans-abri qu’elle a commencée en 2007.

L’hiver battait son plein et, comme chaque matin, elle se rendait à pied au travail. Entre les rues Bloor et Wellington, elle aperçoit des formes inertes recouvertes de draps ou de couvertures.

«Je ne veux pas exploiter leur misère. Je veux montrer que même s’ils n’ont pas de toit, ils se recréent un habitat avec peu de choses. Je veux mettre en avant ce qu’ils ont et non ce qu’ils n’ont pas», explique Andrée Gagné.

Chaque matin et chaque soir, Andrée arpente les rues du centre-ville à la recherche de silhouettes endormies et de la lumière parfaite. «Je passe du temps devant eux à les prendre en photo, et une connexion se crée même s’ils sont endormis.»

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Le résultat est, comme tous les travaux d’Andrée, très artistique. Elle compare ces images à une sculpture humaine. «Ce n’est pas un travail social, mais vraiment de l’art. La lumière, la forme rendent les images très élégantes. Il y a un côté spirituel également. Des prêtres m’ont dit que cela leur rappelait le Christ ».

En tout, Andrée Gagné a réalisé 160 photos de sans-abri. Elle en exposera dix à la Galerie Angell du 1er au 29 mai. Elle espère, par la suite, organiser une plus grande exposition regroupant toute la série.

Informations: Galerie Angell, 12 avenue Ossington. [email protected]

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