La Palestine reconnue comme un État

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Publié 29/11/2012 par The Associated Press et La Presse Canadienne

à 08h34 HNE, le 30 novembre 2012.

NATIONS UNIES, New York – L’Assemblée générale des Nations unies a voté par une écrasante majorité, jeudi, afin de reconnaître la Palestine comme un État, une victoire longuement attendue par les Palestiniens.

La résolution, qui accorde à la Palestine le statut d’État non membre observateur à l’ONU, a été approuvée par plus des deux tiers des membres de l’Assemblée générale. Sur les 193 pays membres, 138 ont voté pour, 9 ont voté contre et 41 se sont abstenus.

Un drapeau palestinien a été déployé derrière la délégation palestinienne à l’Assemblée générale. En Cisjordanie, des Palestiniens ont assisté au vote dans la joie, célébrant leur victoire en s’embrassant, en klaxonnant et en déclenchant des feux d’artifice.

«Pour la première fois, il y aura un État appelé la Palestine, avec la reconnaissance du monde entier, a déclaré Amir Hamdan, un dentiste âgé de 35 ans qui vit dans le camp de réfugiés de Kalandia. Aujourd’hui, le monde entend notre voix.»

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M. Hamdan a emmené sa femme, Nevine, et leurs deux enfants sur la place centrale de Ramallah jeudi soir, où ils se sont joints à plus de 2000 Palestiniens qui assistaient au vote sur un écran géant. Certains dansaient, chantaient et agitaient des drapeaux palestiniens.

Des centaines de Palestiniens ont aussi assisté à l’événement à Bethléem, où le discours du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, était projeté sur un mur qui fait partie de la barrière de sécurité érigée par Israël.

Accord de paix nécessaire

La véritable indépendance de la Palestine restera cependant un rêve lointain tant que les Palestiniens n’auront pas négocié un accord de paix avec Israël, qui a déclaré à l’Assemblée générale que cette résolution ne ferait que retarder une solution durable.

Israël contrôle toujours la Cisjordanie, Jérusalem-Est et les accès de la bande de Gaza, et accuse les Palestiniens de vouloir contourner les négociations avec leur demande de reconnaissance à l’ONU.

Dans son discours avant le vote, le président de l’Autorité palestinienne a déclaré que cette reconnaissance revenait à «délivrer le certificat de naissance de la Palestine». Il a estimé que le vote était la dernière chance d’arriver à la solution des deux États vivant côte à côte dans la paix.

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L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Ron Prosor, a quant à lui affirmé que les Palestiniens tournaient le dos à la paix avec cette résolution. Il a estimé que la paix ne pourrait se négocier qu’entre les deux parties, pas à l’ONU.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a critiqué l’Assemblée générale pour sa «décision regrettable» de permettre un vote sur le statut de la Palestine. Le Canada a voté contre la résolution, tout comme les États-Unis et Israël.

Le vote favorable à la reconnaissance de la Palestine n’est pas une surprise, puisque la majorité des 193 pays membres de l’Assemblée générale sont sympathiques à la cause palestinienne. Plusieurs pays européens, dont la France, ont voté en faveur de la résolution.

Un autre 29 novembre

Le vote intervient exactement 65 ans après un autre vote historique survenu un 29 novembre. En 1947, l’Assemblée générale de l’ONU avait voté en faveur du partage de la Palestine, mais ceux qui célébraient l’événement étaient alors les Juifs, qui venaient d’obtenir leur État. Les Palestiniens avaient rejeté la partition, et des décennies de tensions et de violences ont suivi.

Le vote de jeudi permet à Mahmoud Abbas de bénéficier d’un appui international à sa position: l’établissement d’un État palestinien en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est, des territoires pris par Israël lors de la guerre de 1967. Le premier ministre israélien est opposé à un retour aux frontières de 1967, et le vote renforcera la position de M. Abbas lors d’une éventuelle reprise des négociations.

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Le vote permettra également à M. Abbas de relancer sa popularité auprès de la population palestinienne, qui s’est érodée après des années de blocage dans les négociations de paix. La faction rivale, le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a vu sa popularité augmenter après l’offensive israélienne dans ce territoire plus tôt ce mois-ci.

Israël a abandonné ses menaces de représailles contre les Palestiniens, mais des responsables ont prévenu que le gouvernement israélien répliquerait à toute tentative des Palestiniens d’utiliser leur nouveau statut pour confronter Israël dans les instances internationales.

Les Palestiniens peuvent désormais accéder aux agences de l’ONU et aux instances internationales, en particulier à la Cour pénale internationale, où ils pourraient éventuellement porter plainte contre Israël pour crimes de guerre.

Le Canada rappelle des diplomates

Le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, rappelle temporairement à Ottawa ses chefs de mission en Israël et à Ramallah, de même que ses représentants permanents à l’ONU à New York et à Genève.

Il dit vouloir évaluer les répercussions du vote tenu jeudi sur la Palestine à l’Assemblée générale des Nations unies.

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Le Canada réévaluera maintenant tous les aspects de ses relations bilatérales avec l’Autorité palestinienne.

John Baird affirme que le Canada est profondément déçu mais non surpris du résultat du vote accordant à la Palestine le statut d’État observateur non membre.

Selon lui, la mesure unilatérale prise jeudi n’apporte rien pour faire progresser le processus de paix au Moyen-Orient. Il soutient que cette démarche constitue un obstacle à la paix.

Il exhorte de nouveau l’Autorité palestinienne et Israël à reprendre les négociations sans conditions préalables, pour le bien de leur population.

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