La Mésopotamie est toujours parmi nous

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Publié 01/11/2011 par Gabriel Racle

Dans l’article de la semaine dernière, nous avons commencé l’inventaire sommaire de notre héritage mésopotamien, en entendant ce terme au sens large, sans entrer dans le détail complexe des différentes civilisations qui se sont succédé en Mésopotamie et de l’apport singulier de leur civilisation.


Le vendredi 13


Le nombre 7 était considéré comme néfaste et il était donc préférable de ne rien faire, de ne rien entreprendre le septième jour qui terminait la semaine et qui était le jour de Vénus, donc le vendredi.


Toutes les traditions et les usages concernant le septième jour pourraient bien trouver leur racine en Mésopotamie, en particulier le fait de l’établir comme jour de repos.


Mais ce septième jour a peut-être une autre incidence que l’on appelle d’un nom savant la paraskevidekatriaphobie, formé de trois mots grecs qui veulent dire vendredi, treize, peur. (La peur du nombre 13 s’appelle simplement la triskaïdékaphobie.)


La combinaison du vendredi et du 13 pourrait être la source de cette phobie.


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Le 3 et la triade


Le 3 mérite une attention particulière du fait de la conception du panthéon religieux.


D’une part, il y trois sortes de divinités, en relation avec la nature: les dieux des diverses parties du monde (le ciel, la terre, les enfers); les divinités astrales (soleil, lune, étoiles); les forces de la nature (foudre, ouragan) et les dieux de la fécondité.


Mais au sommet se trouve une triade que l’assyriologue Bottéro décrit ainsi dans son livre Mésopotamie: An ou Anu représentait le fondateur de la dynastie divine, Enlil, son fils, exerçait l’autorité souveraine, Enki ou Éa, était le conseiller intelligent. On comprend ainsi toute l’importance accordée au 3 par la suite et jusqu’à nos jours.


La montagne


La montagne a une place importante dans la mythologie mésopotamienne, comme lien entre terre et ciel, et par le rôle qu’y tient la Montagne cosmique, source de vie et centre du monde.


Le sommet des montagnes était un lieu privilégié pour rejoindre les dieux, c’était le lieu où ils se manifestaient.


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Cette tradition a été reprise dans des textes bibliques, comme ceux de l’histoire légendaire de Moïse, qui rencontre la divinité sur les monts Horeb ou Sinaï, avec accompagnement d’orage, de foudre, autres attributs divins mésopotamiens. Les montagnes sacrées, les apparitions sur des montagnes, relèvent de cette tradition.


On a pensé que les ziggourats, ces tours en briques d’argile pouvant atteindre 80 m de haut, ont été construites dans la plaine mésopotamienne pour remplacer la montagne.


Le dernier étage de ces tours servait de lieu de culte, et même de résidence pour la divinité à laquelle ce temple était consacré: c’était le lieu pour atteindre la demeure divine. Les clochers, les flèches des églises, les minarets se situeraient dans le prolongement de ces constructions pointées vers le ciel.


Création des humains


Comme bien d’autres, les Mésopotamiens se sont posé la question de leurs origines.


Ayant inventé un système religieux complexe, calqué sur le modèle politique hiérarchique organisationnel de la société, ils ont résolu le problème de l’existence des humains en attribuant leur existence aux dieux, puisque pour eux, le monde tout entier doit son existence et son fonctionnement aux dieux.


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Dans le Poème du Supersage ou Mythe d’Atrahasis (- 1700 environ), le couple humain est fabriqué par un mélange d’argile et du sang d’un dieu mineur, mis à mort, pour que l’être produise en soi l’intelligence.


Dans un autre texte, l’Épopée de Gilgamesh, une déesse crée un rival du roi Gilgamesh avec une motte d’argile.


Les récits de création de la Genèse, plus tardifs, reprennent ces mythes de création mésopotamiens, ainsi que la semaine de sept jours des Chaldéens, ou la création de l’homme avec de la glaise.


Influence littéraire


Un texte mésopotamien très célèbre, l’Épopée de Gilgamesh, est un récit légendaire épique vieux de quelque trente-cinq siècles.


Il a connu une grande diffusion notamment dans le monde méditerranéen, en tant que modèle littéraire que l’on retrouve dans de nombreux textes ultérieurs mettant en scène un héros, et dans lesquels le merveilleux intervient.


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Cette épopée, retrouvée sur des tablettes d’argile, écrite en caractères cunéiformes, est consacrée dans sa première partie aux exploits de Gilgamesh, roi d’Uruk. Les modèles sont ternaires: le héros est présenté comme d’origine divine, sa mère est une déesse, et humaine, son père est un homme, puis suit le récit de ses exploits et pour finir son triomphe.


De nombreux textes sont construits sur ce modèle, un héros humano-divin, ses actions ou exploits, son exaltation ou son ascension: Homère, Virgile, des textes de la Bible ou des légendes celtiques, etc.


Racines


Ces quelques exemples donnent une idée de l’héritage mésopotamien de nos sociétés. L’Union européenne a beaucoup discuté sur l’inclusion de l’expression «racines judéo-chrétiennes» dans sa Constitution.


Parler des racines mésopotamiennes serait sans doute plus juste et moins sujet à controverse.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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