«Allez, hop, tous en Enfer!» Ainsi débute un implacable réquisitoire du Canard Enchaîné du 11 mars 2009 (p. 8), contre l’archevêque de Recife, au Brésil, dom Jose Cardoso Sobrinho et, du même coup, contre l’Église catholique et ses dirigeants romains.
Cet archevêque a excommunié les médecins qui, horrifiés, ont eu pitié d’une pauvre fillette de neuf ans, violée depuis l’âge de six ans par son beau-père, et qui se trouvait enceinte de jumeaux. Les médecins l’ont fait avorter.
«Nous ne pouvions pas faire courir de risques à une enfant de neuf ans, dont les organes ne sont pas encore formés», ont-ils déclaré. D’autre part, si au Brésil, la loi est encore contre l’avortement, il est permis en cas de viol et si la vie de la mère est en danger. Or le grand excommunicateur insensible aux arguments médicaux, ignorant le moindre bon sens et la pitié, a également inclus la jeune mère dans sa sanction. Il a décrété: «La loi de Dieu est au-dessus de celle des hommes».
Par contre l’archevêque de Recife n’a pas excommunié l’atroce violeur, pauvre pêcheur, qui mérite la compassion puisque lui est contre l’avortement! Et Monseigneur d’ajouter: «Certes ce qu’il a fait est horrible, mais il y a tant de péchés graves, et le plus grave est l’élimination d’une vie innocente.»
Ce qui revient à dire que l’avortement est plus grave que le viol. Mais c’est aussi, à ce moment-là, l’opinion du Vatican, puisque le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques à Rome, a volé au secours de l’archevêque de Recife, déclarant: «Le vrai problème est que les jumeaux conçus étaient deux personnes innocentes qui avaient le droit de vivre et ne pouvaient pas être supprimées.»