La Liste au TfT: l’ultra-moderne solitude

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Publié 21/02/2012 par Guillaume Garcia

Quitter la ville, retourner à la campagne, aux vraies choses, à la solidarité des villages… Combien y pensent? Combien le font? Mais dans un monde où règne la superficialité et l’individualisme ce «retour aux sources» peut s’avérer une longue descente vers une solitude accablante. Avec des mots simples, des phrases courtes et directes, la pièce La Liste, de Jennifer Tremblay, nous plonge dans l’univers d’une femme a qui la recherche de la perfection questionne presque sans le vouloir notre société de consommation.

Mise en scène par Marie-Thérèse Fortin pour le compte du Théâtre d’aujourd’hui, La Liste «semble raconter ce qui paraît banal, mais l’écriture révèle le psyché de cette femme et de son expérience de l’ultra moderne solitude» explique la metteure en scène.

Seule sur scène, une femme raconte le décès de sa voisine et ne peut s’empêcher de se trouver responsable, même si ce n’est pas elle qui l’a tuée.

Dans un décor pensé pour nous faire comprendre la vie que mène cette mère de trois enfants en bas âge, le monologue de la comédienne Sylvie Drapeau nous dévoile une femme à qui on demande trop, à qui notre société demande trop.

Cette recherche de perfection la travaille intérieurement et elle s’est mise à dresser des listes de tout ce qu’elle a à faire. À haute voix, elle liste ses corvées et sa liste de tâches pour la journée.

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«C’est un peu son obsession», livre Marie-Thérèse Fortin.

Lorsqu’elle a décidé de mettre en scène la pièce de Jennifer Tremblay, la directrice du Théâtre d’aujourd’hui avait déjà fait une première lecture de la pièce, mais il s’agissait d’une version antérieure.

Dans la version finale, l’auteure «a pensé à écrire la pièce comme une liste, avec des phrases ciblées, épurées», indique Marie-Thérèse Fortin. «Cela crée une immédiateté dans les choses à passer dans le récit. Il y a tout un monde qui grouille sous ses mots.»

Côté théâtre, la patte de la metteure en scène se retrouve dans le jeu des silences, un travail qu’elle a fait avec la comédienne. « On a passé la première semaine à travailler que les silences pour trouver qui était cette femme, quand elle ne dit rien. On recherchait le personnage. «Après on a rajouté le texte et ça a été facile, on savait qui était la femme.»

La Liste reçoit d’excellentes critiques partout où la pièce est jouée et encore aujourd’hui, la metteure en scène ne s’explique pas ce succès:

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«Je ne sais pas trop pourquoi cela fonctionne. Je pense que les gens peuvent se reconnaître. Ils comprennent ce à quoi elle obéit.»

Inspirée d’un fait réel la pièce se veut une gifle dans la face du spectateur.

L’auteure dit qu’elle souhaite «terrasser» le public. La solitude dans laquelle se retrouve cette femme et ses vaines tentatives pour atteindre une impossible perfection rappellent à chacun ses propres ratés et ses inaccomplissements.

«On demande beaucoup aux femmes d’être parfaites», conclut Marie-Thérèse Fortin.

La tentative de perfection se traduit ici dans la pièce par le reflexe de la protagoniste de «lalister» tout ce qu’elle doit faire, sans que pour autant «ce soit une pièce qui dise ‘ne faites pas de listes!’», selon la metteure en scène!

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Au Berkeley Street Theatre du 29 février au 4 mars.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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