La nouvelle provient des lichens. L’analyse de ce modeste matériel vivant, présent partout au Québec, situe la limite nord de la pollution atmosphérique, liée aux activités humaines, à près de 100 kilomètres au nord de Chibougamau et de Sept-Îles, soit à 200 km au nord du Lac-Saint-Jean, à la hauteur du commencement (au Sud) de la baie James.
Cette «ligne» sépare le territoire vierge du Nord québécois de celui pollué du Sud. «Nous sommes chanceux, car le Nord est exempt de contamination aux métaux lourds», souligne Jean-Philippe Bellenger, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biogéochimie continentale de l’Université de Sherbrooke.
Pour arriver à cette conclusion, son équipe de chercheurs a analysé la concentration de 18 éléments chimiques au sein de diverses espèces de lichens (Peltigera aphthosa, Nephroma arcticum) sur un vaste territoire large de 730 km, d’est en ouest, sur 1080 km du sud au nord, la première étude d’importance pour l’est du Canada. Leurs résultats de recherche ont été publiés dans une récente édition de la revue Science of the Total Environment.
«La plupart des éléments sont plus abondants dans le Sud, mais l’impact de l’homme est surtout visible à travers la présence de métaux lourds, comme le fer, l’aluminium, le titane, le vanadium, le cobalt, le nickel, le chrome et le plomb», énumère le chercheur.
Faire parler les lichens
Symbiose entre un champignon et une algue, le lichen pousse lentement et puise ses ressources à même les roches sur lesquelles il vit, mais aussi à partir de l’atmosphère qui l’entoure.