Je vous ai déjà parlé du livre 101 mots à sauver du français d’Amérique, écrit par Hubert Mansion. Il y a dans cet ouvrage de bien belles trouvailles: des mots qu’on dépoussière ou qu’on découvre, des sens méconnus, des expressions étonnantes… En le feuilletant encore et encore, la semaine dernière, je suis tombé sur le mot «cheap», pour lequel l’auteur se livre à une réflexion élargie. Une réflexion sur les lacunes de la langue française.
L’auteur note qu’il n’y a pas, à proprement parler, d’équivalent français parfait pour le terme anglais «cheap». On a peine à trouver un antonyme parfait pour «cher», employé au sens de «coûteux». Il y a bien certains adjectifs comme «abordable» ou «peu dispendieux», mais rien qui corresponde parfaitement et en un seul mot à l’adjectif anglais «cheap».
Hubert Mansion remarque avec justesse qu’il faut avoir recours à des périphrases ou, plus simplement, à cet équivalent anglais. «Prétendre, comme le dit un spécialiste, qu’il existe de nombreux équivalents français pour remplacer cet anglicisme en l’occurrence bon marché, peu coûteux, pas cher, au rabais est aussi vrai qu’assurer que l’arbre-qui-produit-des-glands-mangés-par-les-cochons est un équivalent de chêne», remarque-t-il dans son bouquin.
Le terme «cheap» est d’ailleurs devenu si populaire dans la langue courante qu’on le croirait presque accepté en français. Ce n’est évidemment pas le cas.
C’est là une des lacunes de la langue française. Notre langue a beau être complexe, riche et précise, il n’en demeure pas moins qu’elle contient quelques failles. On nous dit, par exemple, qu’il manque des mots pour désigner certaines parties du corps comme la saignée du bras ou la cavité derrière le genou.