La guerre des Palestines

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 26/06/2007 par Carl E Arkantz

Juin 2007 marquera la scission provisoire, si ce n’est définitive, de la Palestine. Déjà, avec un territoire partagé entre la bande de Gaza à l’ouest avec son accès à la Méditerranée et la Cisjordanie à l’est, complètement enclavée, il était difficile d’imaginer comment la Palestine aurait pu constituer un État viable. On voit mal comment la continuité territoriale aurait pu être appliquée entre ces deux espaces.

L’autre question fondamentale aurait été de définir lequel de ces territoires aurait constitué celui de la métropole et lequel aurait eu le statut de province. Selon toute évidence la bande de Gaza aurait dû devenir cette dernière, la Cisjordanie avec notamment sa proximité avec Jérusalem la métropole. Comme le fut Bonn en son temps pour les Allemands de la République Fédérale, pour nombre de Palestiniens Ramallah n’est qu’une capitale temporaire.

Tous leurs regards convergent vers Jérusalem, la seule ville qui à leurs yeux, et par extension à ceux des Arabes et des musulmans, est la ville Sainte par excellence. Sacrée, Jérusalem l’est également pour les chrétiens et pour les juifs. 
Israël n’a jamais caché sa volonté de faire de Jérusalem sa propre capitale.

«Celui qui tue par l’épée périra par l’épée.» Cette sentence est on ne peut plus claire. La violence ne génère que la violence. Rien de durable ne se construit par la haine et la destruction. Le Proche et le Moyen-Orient sont continuellement secoués par les guerres depuis des décennies. L’islam a mené sa conquête par le fil de l’épée, détruisant sur son passage des civilisations anciennes. Qui se souvient de Nalanda? Les Occidentaux, Européens ou Américains, n’ont pas été en reste lors des Croisades, de la colonisation du Nouveau Monde ou de celle de l’Afrique, de l’interventionnisme militaire aux quatre coins de la planète. Tôt ou tard, on en paie le prix.

Après la mort de Yasser Arafat, sa succession s’est avérée difficile pour Mahmoud Abbas, en butte à la contestation tant au sein de son parti que parmi les autres factions palestiniennes à commencer par les islamistes du Hamas.

Publicité

Accusé de corruption, le Fatah a perdu beaucoup de sa crédibilité aux yeux de nombreux Palestiniens qui lui ont préféré le discours vertueux des islamistes. C’est ainsi que, grâce à son travail sur le terrain mêlant le social au religieux, le Hamas a pu remporter les dernières élections législatives.

Comme pour ces devanciers, ce succès ne lui a pas permis de former un gouvernement stable, puisque le Hamas n’est pas reconnu comme une formation politique par les États-Unis, Israël et l’Union européenne; les deux premiers l’assimilant à une organisation terroriste; la troisième étant très méfiante à son égard.

La stratégie d’alliance objective entre le Hamas et le Hezbollah libanais, tous deux soutenus par l’Iran, semble ne faire aucun doute. Comme il est certain que la pression exercée sur la population palestinienne par le cycle permanent des tirs de roquettes sur Israël et des représailles immédiates ne peut favoriser l’émergence de partis modérés dans les territoires «autonomes» palestiniens, crise économique grave oblige.

Aujourd’hui, la Palestine est coupée en deux. Avec le Hamas qui a conquis par la force la bande de Gaza, désormais isolée du monde par un blocus terrestre et maritime, une probable catastrophe humanitaire menace la population, tenue en otage par l’intransigeance des uns comme des autres. De l’autre côté, le Fatah retranché en Cisjordanie s’évertue à représenter une légitimité palestinienne internationale.

Quitte à me répéter, il faut nous méfier des images. Les Palestiniens qu’on nous présente continuellement sur nos écrans nous font penser à un peuple déguenillé, pauvre et sans instruction. La réalité est toute autre. Lors de l’indépendance du Koweït en 1961, ce pays ne disposait d’aucune élite capable de faire fonctionner un État moderne. C’est donc parmi l’élite palestinienne qu’ont été recrutés les cadres dirigeants autour de la monarchie bédouine. Ces Palestiniens disposaient d’une éducation britannique poussée, de qualités professionnelles remarquables.

Publicité

Aujourd’hui nombre d’entre eux occupent de hautes fonctions partout dans le monde. Ingénieurs, chercheurs, professeurs, médecins, avocats, journalistes ou financiers, ils figurent parmi l’élite arabe, parfois même parmi l’élite de l’élite.

À ce jour, le peuple palestinien paie les erreurs de ses dirigeants politiques, les pots cassés de la géopolitique occidentale et arabe, du conflit régional israélo-arabe, de l’islamisme violent entretenu par l’Iran, de la dérive terroriste exacerbée par la guerre d’Irak qui, loin de régler le problème de l’après Saddam Hussein, a amplifié le mouvement de dislocation des États de la région.

Ce que paie le peuple palestinien, le peuple israélien le paie de la même manière par l’insécurité constante dont il est victime. Et le peuple libanais en fait également les frais, coincé entre les contradictions des intérêts divergents tant de ses voisins que de ses partis politiques et une guerre civile permanente ouverte ou larvée.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur