Non, ce n’est pas une histoire de croisades, mais presque. C’est arrivé, ces jours-ci, à Rome, ville sainte par excellence. Le juge Antonio Tosti, nous apprend L@ïcité, journal du Mouvement laïque québécois du 21.09.08. Ce magistrat a refusé de siéger dans la salle d’audience si on n’enlevait pas le crucifix qu’on avait accroché là. Il s’appuyait ainsi sur la loi italienne de 1947, instaurant la séparation de l’Église et de l’État.
Il faut dire que feu le dictateur fasciste Mussolini avait décrété, en 1926, que la croix catholique serait obligatoire dans tous les édifices publics. Les Italiens, malgré la loi de 1947, ne semblaient pas s’être inquiétés outre mesure de la présence d’une croix dans quelque lieu public que ce soit. Mais il y a toujours, Dieu merci, des têtes dures et irrespectueuses pour troubler l’ordre religieux.
Devant le refus du gouvernement italien de retirer les crucifix des salles de prétoires et s’appuyant sur le principe d’égalité de la Convention Internationale des droits de l’homme de 1975, le juge Tosti a proposé un compromis: les symboles des autres religions, tel que la menora, le chandelier à sept branches des juifs, devaient avoir également leur place dans la salle du tribunal. Mais on refusa, sous prétexte que l’ordonnance fasciste de Mussolini était toujours valable! Le juge apporta alors les insignes de l’Union Rationaliste italienne dans sa salle d’audience. Ils furent immédiatement enlevés et confisqués.
On lui a alors proposé une salle sans crucifix. Mais le juge refusa cette ghettoïsation, exigeant que le respect de la séparation de l’Église et de l’État soit appliqué à tous les tribunaux. Résultat de cette guerre, en 2005, un tribunal a condamné le juge à sept mois de détention et un an de suspension de toutes ses fonctions. Le Conseil d’État a décidé que, hors de l’église, la croix chrétienne symbolisait des valeurs humaines de tolérance et respect mutuel. Il y a heureusement des gens qui ont d’autres opinions là-dessus.