On nous promettait une croissance économique sans pareille, une compétition salvatrice entre les entreprises et la disparition de l’État-nation. Mais la globalisation n’a pas été à l’image des prédictions des prophètes économiques, soutient John Ralston Saul, auteur de Mort de la globalisation et conférencier invité du Club canadien de Toronto la semaine dernière. «On trouve des réussites remarquables, des échecs embarrassants et une série de ‘’plaies suppurantes’’.» Proclamée inévitable, la globalisation serait, depuis 1995, sur son déclin.
«[La globalisation] n’a rien à voir avec le vrai ou l’inévitable, mais beaucoup avec une théorie économique expérimentale présentée comme un fait darwinien», écrit John Saul. L’essayiste privilégie l’utilisation du terme «globalisation» plutôt que «mondialisation» tout au long de son ouvrage, mettant ainsi en exergue la composante économique du phénomène.
La globalisation est décrite comme étant «une forme inévitable d’internationalisme dans laquelle la civilisation se trouve réformée dans la perspective du pouvoir économique. Ici, le pouvoir ne provient pas du peuple, mais de la force innée de l’économie, c’est-à-dire du marché.»
Apparue dans les années 1970, la globalisation a été au sommet de sa gloire dans les années 1980 et 1990. «Ses défenseurs et ses croyants soutenaient avec témérité que, vues à travers le prisme d’une certaine école économique, les sociétés du monde entier suivraient des directions nouvelles, liées entre elles, positives. En une vingtaine d’années – les années 1980 et les années 1990 – cette mission a été convertie en politiques et en lois avec la force de ce qui est réputé inévitable.»
Pourtant, la globalisation n’a pas été à la hauteur des espérances que l’on portait en elle. Loin d’être un phénomène inéluctable, la globalisation ne serait qu’une idéologie. Pour le démontrer, l’essayiste détruit un à un les préceptes «inévitables» des néolibéraux.