La Gardiner survivra-t-elle à l’aménagement des rives du lac?

Projet Waterfront Toronto

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Publié 11/08/2009 par Vincent Muller

La réhabilitation des rives du lac suit son cours avec le lancement des travaux du parc Sherbourne le 23 juillet dernier et l’inauguration du troisième ponton rue Rees samedi dernier. Les études pour le développement des zones East Bayfront, West Donlands et Lower Donlands ainsi que pour l’abaissement de l’autoroute Gardiner se poursuivent. John Campbell, PDG de Waterfront Toronto, a accordé une entrevue à L’Express afin de faire le point sur le développement du projet.

L’Express: L’ouverture du troisième «wavedeck» rue Rees représente une toute petite partie du projet de revitalisation des rives du lac Ontario. Au vu de ces réalisations mineures, beaucoup de gens pensent que le projet avance trop lentement. Que leur répondriez-vous?

John Campbell: Le public pense qu’il n’y a rien sans bulldozers et sans des constructions qui sortent de terre.
Il faut quatre ou cinq ans pour les consultations publiques, le travail sur le zonage, sur le design et les demandes d’approbation. Après ça il faut encore au moins deux ans pour construire quelque chose. On a fait les travaux préliminaires, à présent les choses commencent à prendre forme.

Là, le troisième «wavedeck» rue Rees vient d’être terminé, on vient de commencer la construction du parc Sherbourne dans la zone East Bayfront (la zone située entre les rues Lower Jarvis et Parliament au Sud de la Gardiner) et on va voir de plus en plus de nouvelles réalisations dans les mois à venir.

Du coté de West Donlands (la zone située entre les rues Parliament et la rivière Don au Sud de la rue King), on travaille sur la rivière et les infrastructures anti inondations qui sont primordiales pour continuer le développement de la zone.

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J’aimerais moi aussi que les choses aillent plus vite mais on est en démocratie, il faut mener des consultations publiques et cela prend du temps, beaucoup de choses se passent même si on ne le voit pas.

Quels sont les effets de la récession sur le projet?

Cela affecte surtout le développement des logements, les terrains se vendent plus lentement. Le projet n’est pas en péril mais seulement ralenti.

En automne nous saurons si Toronto accueillera les jeux panaméricains de 2015. Cela accélèrera-t-il le développement de la zone?

Oui c’est sûr que cela stimulera le projet puisque West Donlands sera la base pour les athlètes, on devra construire des logements plus rapidement que prévu dans le secteur. Certains seront à loyer modéré. Même si cela ne changera pas les sources de revenus, ce sera un catalyseur pour le développement de cette zone.

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Lors du rapport annuel de Waterfront Toronto fin 2008, certains ont réclamé un lien plus naturel, avec davantage de verdure entre la ville et le lac, particulièrement dans la zone East Bayfront. Pensez-vous qu’il aurait été possible de construire moins de bâtiments dans cette zone ?

Il faut se poser la question du type d’aménagement par rapport à notre objectif. Ici ce qu’on essaye de faire c’est de construire un espace urbain, de développer l’investissement. Dans ce cas la réponse ne se trouve pas dans des parcs comme à Chicago.

On veut développer la ville, on veut la rendre plus compacte, plus dense, attirer des gens. On ne va quand même pas construire des pavillons d’ici jusqu’à Hamilton !

Donc la solution choisie est un bon compromis, on veut créer des bords du lac urbains, dans un environnement plus naturel. Les bâtiments seront moins hauts, avec beaucoup de parcs et d’espace publics, des cafés, des magasins et des bureaux. Les espaces verts occuperont quand même 25% de la superficie de ce secteur.

Avez-vous quand même modifié certaines choses depuis la présentation de l’automne dernier ?

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Le développement de East Bayfront est basé sur un plan de zonage approuvé par le conseil municipal donc rien n’a changé depuis puisque le plan avait déjà été approuvé.

Quelles ont été les critiques lors de la réunion publique du 8 juillet concernant cette zone ?

Je n’étais pas présent mais ce que je peux dire c’est que maintenant les gens veulent voir les choses se passer, on en est plus au stade des critiques. Il s’agit plutôt de consultations pour développer les plans déjà établis.

Il faut savoir qu’on a réussi a créer un bon équilibre avec les consultations. Il y a en moyenne 60 consultations publiques ou rencontres avec différentes parties-prenantes par an pour tout un tas de projets.

Quelle-est la place accordée aux transports publics dans le cadre des nouveaux aménagements?

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On est concentré sur ça, une grosse partie de l’argent est destinée aux infrastructures pour les transports en commun, on va mettre des rails dans la rue pour promouvoir le projet: chaque palier de porte ne devra pas être à plus de 5 minutes de marche d’un arrêt.

Et le but est de mettre ça en place le plus tôt possible pour attirer les gens dans cette zone, pour qu’ils se rendent compte qu’ils peuvent changer leurs habitudes en vivant ou en travaillant ici.

On privilégie les tramways à plancher bas, ce sera très bien desservi avec des voies réservées d’un côté de la route ou au milieu comme sur l’avenue Saint Clair. Actuellement l’évaluation environnementale pour les transports sur Queens Quay est en train de se terminer.

La première phase de développement du secteur East Bayfront, incluant notamment le parc Sherbourne, 700 appartements, 50 000 mètres carrés de bureaux et de magasins, sera réalisée d’ici environ quatre ans. Quand est-ce que cette partie sera entièrement terminée?

Tout dépend de la demande en ce qui concerne les résidences, on prévoit 7000 appartements… Je pense que ça prendra entre 10 et 15 ans, le temps que les résidences et bureaux trouvent preneurs.

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Où en est-on du côté de Lower Donlands qui est l’une des parties les plus attendues du projet?

Le zonage est prévu pour cet automne, les évaluations environnementales pour les infrastructures anti-inondations vont suivre.

Le projet d’aménagement de Lower Donlands est très important, c’est l’un des 16 que finance la fondation Clinton. C’est un projet différent des autres avec une architecture durable, c’est à dire des bâtiments conçus pour une économie maximum d’énergie.

Les travaux sur la rivière devraient commencer d’ici cinq ans, il faut commencer par ça avant de faire le reste. Pour l’instant nous avons l’argent pour l’évaluation environnementale.

Par la suite, au vu des solutions choisies nous passerons à l’étape suivante: sécuriser les fonds pour le développement du projet.

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On a beaucoup parlé ces derniers temps de la suppression d’une partie de l’autoroute Gardiner entre la rivière Don et la rue Lower Jarvis. Quelle serait la meilleure solution selon vous?

Ce que l’on veut faire c’est abaisser la Gardiner, faire une avenue assez large comme University, facilement accessible aux piétons, avec une connexion au Don Valley Parkway. Et je pense que c’est la meilleure solution.

Vous ne pensez pas que cela créera des embouteillages et rendra plus difficile l’accès au centre-ville?

La circulation sur cette partie n’est pas très dense. Si on prend l’exemple de Boston, 85 % du trafic est réel. Ici, sur cette portion, 85% du trafic va vers le centre-ville. Donc il n’y aura pas plus d’embouteillages qu’avant et cela n’empêchera pas les gens d’aller au centre.

Ça va bien sûr affecter la circulation mais il faut voir de quelle façon et puis envisager des solutions pour l’améliorer. Selon certaines études le temps serait allongé de deux minutes. Maintenant il faut décider ce qui est plus important: la réhabilitation ou la Gardiner.

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Les propositions sont toujours ouvertes, les consultations sont en cours. Le public peut réagir sur www.gardinerconsultation.ca

Les grosses consultations vont débuter en janvier prochain et le rapport de l’évaluation environnementale est prévu pour fin 2011.

Pour l’instant il semble que 50% du public soit pour abaisser la Gardiner et 50% pour la laisser telle qu’elle.

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