La Fugue au YPT, du théâtre sans texte

La musique prend le pas sur la narration

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Publié 30/04/2013 par Guillaume Garcia

L’actualité ne manque pas de nous rappeler l’existence des gangs de rue. Chaque mois, voire semaine, on entend parler d’une fusillade, d’un meurtre, d’un règlement de compte. Les personnes impliquées sont de plus en plus jeunes et le phénomène touche une population toujours plus grande.

La compagnie de théâtre montréalaise Qui Va Là a décidé de parler du problème et a créé La Fugue, un spectacle entre théâtre et musique, sans paroles, ancré dans l’univers des jeunes. La troupe est de passage à Toronto, au Young People Theatre, du 6 au 16 mai

La pièce nous plonge en musique dans la vie d’un jeune homme qui quitte son foyer. Il fugue. La Fugue suit donc les tribulations du jeune, mais aussi le rythme et la composition de la pièce, qui reprend les codes de la fugue musicale avec des musiques qui se rencontrent, des personnages et des histoires qui se chevauchent, le tout sans fin déterminée.

Les deux usages du mot ont d’ailleurs une motivation en commun: le délire, le fantasme.

Nouveau format

La Fugue avait pour but de révolutionner le spectacle jeunesse. C’est en tout cas le mandat qu’avait conféré la Société de musique contemporaine du Québec à la compagnie Qui Va Là. Il fallait briser la domination de la narration dans le théâtre et plus généralement dans la manière de raconter une histoire.

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«C’est un projet particulier, la Société de musique contemporaine du Québec voulait faire un spectacle jeunesse, mais aussi adolescents et adultes. C’était une rencontre entre le théâtre et la musique, d’égal à égal. On a eu la volonté de représenter au théâtre une fugue musicale qui incarne en musique une certaine forme de perfection», explique Benoît Côté, membre de Qui Va Là et responsable de la partie création musicale.

Qui Và Là, dont les trois fondateurs, Philippe Racine, Justin Laramée et Félix Beaulieu-Duchesneau, se sont rencontrés au Conservatoire d’Art dramatique de Montréal, s’est aussi donné, depuis sa création en 2004, un mandat de parler des enjeux sociaux.

Gang de rue

La Fugue, c’est d’abord l’histoire de Yohan, un adolescent d’environ 15 ans parti de la maison depuis quelque temps. On ne sait pas vraiment pourquoi il est parti; l’histoire ne le dit pas. Tout ce que l’on sait c’est qu’il est en fugue et qu’il vit dans la rue.

L’histoire commence avec le père qui reçoit de la police une boîte contenant les effets personnels qu’avait Yohan au moment de sa disparition. Le père se met alors à imaginer le sort réservé à son fils disparu.

Yohan fait la rencontre de Noémie, jeune fille de la rue qui trempe dans les gangs de rue et souhaite faire de Yohan un nouveau membre du gang.

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Un vidéoclip sur scène

Crée en 2007, le spectacle « ressemble à un vidéoclip sur scène, c’est avant tout un récit; il n’y pas de mouvements de danse», avance Benoît Côté.

Récit théâtral avant tout, La Fugue s’appuie sur une musique éclectique composée par Benoît Côté. «Je ne crois pas vraiment au cloisonnement des genres; j’avais envie d’aller chercher des musiques urbaines et aussi celles qui marchaient dans les radios commerciales à ce moment. Il fallait vraiment que la musique touche les ados.»

Et les jeunes qui ont vu le spectacle ont réagi différemment des adultes, dont certains directeurs artistiques, qui trouvaient que l’histoire était un peu trop sombre pour la montrer à un public d’ados.

«C’est une histoire tragique qui joue avec des archétypes précis qui appartiennent aux références épiques des adolescents. C’est une histoire violente et dure. Pourtant, tout ce qui est raconté se réfère à des événements réels», précisent les auteurs.

Séduire les jeunes

«À Toronto ça sera la 120e du spectacle. Ça a été un bon succès, les ados aiment bien, on joue de la musique forte sur scène, on veut leur montrer que le théâtre, ça peut être ça aussi.»

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«On a eu des réponses enflammées de la part des jeunes, en fait c’était les adultes qui sont les plus frileux, mais la pièce raconte la réalité de ce que vivent les jeunes. Ça n’est pas moralisateur du tout, on voulait séduire les jeunes», indique Benoît Côté.

Sur scène, les quatre comédiens joueront chacun plusieurs personnages en plus des trois principaux du père, de Yohan et de Noémie pour un résultat visuel très surprenant.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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