Bien qu’elle partage d’important pans de sa mémoire avec le Québec, la francophonie canadienne se représente de plus en plus comme une société distincte de la Belle Province, avec des lieux de mémoire, de commémoration et d’identité qui lui sont propres. C’est ce qui ressort d’un colloque tenu à Ottawa les 15, 16 et 17 novembre.
Les lieux de mémoire réfèrent ordinairement au patrimoine bâti (édifices), à des endroits géographiques historiques identifiés par une plaque, à des monuments et à la toponymie (nom de localités, cours d’eau, etc.). À titre d’exemple, la déportation des Acadiens a été commémorée par la reconstruction d’une église à Grand-Pré, par une statue de la mythique Évangéline, par une croix au lieu dit de la déportation et par un monument très récent (2004) qui rappelle la résilience des Acadiens, c’est-à-dire pas uniquement leur exil et leurs affres, mais aussi leur vigueur qui a conduit au retour de plusieurs d’entre eux.
En Ontario français, un des lieux de mémoire les plus éloquents est Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons.
Fait intéressant à noter, la province recèle d’une kyrielle de toponymes qui font écho à une présence française très ancienne, notamment Pointe à l’Orignal (devenue L’Orignal près de Hawkesbury), Sault-Sainte-Marie et lac Supérieur.
Certains toponymes français ont été traduits (rivière Creuse est devenue Deep River) ou carrément remplacés par des noms anglo-saxons (île Tonti / Amherst Island, Grande Isle / Wolfe Island). D’autres toponymes ont été massacrés: Chenail écarté / The Snye, Petite Côte / Petticoat, rivière au Sable / Ausable River.