La Franco-Fête, c’est samedi!

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Publié 19/06/2007 par Yann Buxeda

Samedi, la Franco-Fête reprendra ses droits sur la scène du Centre Harbourfront. À l’image de l’année dernière, la programmation s’annonce chargée, et les amateurs de musique, désireux de célébrer la culture francophone en plein coeur de la capitale économique du Canada anglais, devraient se voir offrir les moyens de le faire jusqu’aux petites heures. Le tout bien sûr sous le regard bienveillant du saint patron des Canadiens-Français, qui se préparera en même temps aux festivités des plaines d’Abraham données en son honneur le lendemain.

Bien avant de devenir la «Fête nationale» du Québec, et par élargissement celle de tous les Canadiens-Français, la fête de la Saint Jean Baptiste étaient l’apanage des peuples païens. Ils célébraient le solstice d’été par un grand feu de joie qui symbolisait à l’époque la toute puissance de la lumière, alors à son apogée.

La France catholique de Clovis reprit ensuite cette tradition du feu de joie, afin de célébrer la naissance de Saint Jean le Baptiste, cousin de Jésus lui ayant transmis la bénédiction divine. La tradition religieuse a par la suite traversé les frontières de l’Europe, ainsi que l’Atlantique avec les premières expéditions colonisatrices en terre d’Amérique. Dès 1636, les Relations de Jésuites font état de manifestations de ce type au Québec, alors que la ville éponyme ne compte à l’époque que 200 âmes.

Et si la Saint Jean Baptiste est aujourd’hui perçue sur notre continent comme la fête du Québec et plus largement de la francophonie canadienne, voire nord-américaine, elle revêt toujours une importance particulière pour les catholiques du vieux continent.

Ne serait-ce qu’à travers le poids historique de la Saint Jean Baptiste, la Franco-Fête se devait d’être un ambassadeur irréprochable de la culture francophone.

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Un mandat ambitieux, alors que la manifestation fête ses 25 ans en 2007. Et jamais elle n’a paru plus à même de croître de manière exponentielle.

Cette année, la Franco-Fête a attiré plus d’investisseurs privés que jamais, s’offrant quelques commanditaires de renom comme Air France, le Collège Boréal, Via Rail, TV5 ou encore Smart.

Une liste de 24 partenaires qui a généré une manne financière non négligeable, comme le souligne Érik Larose, président de la Franco-Fête: «Les démarches entreprises depuis quelques mois ont porté leurs fruits et la Franco-Fête a pris une dimension supplémentaire. En terme de communication notamment, nous avons mis les bouchées doubles, avec une campagne de publicité ciblée dans le métro torontois, mais aussi des spots publicitaires sur Radio-Canada et CBC. À Toronto, les gros médias comme le Globe and Mail et le Toronto Star se sont penchés sur notre cas, et nous serons même présents sur CityTV le 22 juin prochain, lors de l’édition du matin.»

Une belle couverture, donc, mais qui n’a en aucun cas constitué la priorité de l’équipe dirigeante, comme le précise son président: «Même si la partie publicitaire était quelque chose d’essentiel pour donner une résonance à la Franco-Fête, la priorité était de s’investir sur la qualité de la programmation.»

Programmation éclectique

Et outre les manifestations épistolaires qui ont ponctué le début 2007, la journée du 23 vaut à elle seule plus que le détour. Cette année, les festivités débuteront aux environs de 13h30, alors que jusqu’à l’année dernière, la programmation s’étalait uniquement sur la fin d’après-midi.

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L’après-midi sera réservée aux plus jeunes, qui pourront danser sur Super X, un groupe franco-ontarien de l’école secondaire Sarnia, qui a notamment remporté le Coup de coeur de la fierté francophone au festival Quand ça nous chante cette année.

Par la suite, les Tambours du Burundi Umurisho Rhythm se produiront à deux reprises dans l’après-midi (14h30 et 16h30), entrecoupé d’une performance du magicien Daniel Coutu vers 15h30.

À 18 heures, la Franco-Ontarienne Cindy Doire prendra le relais, afin de distiller ses sonorités jazz teintées de folk. Elle ouvrira le bal à une page plus comique, avec la performance de Philippe Bond, par ailleurs animateur de la soirée. À 19 heures, l’humoriste québécois prendra les planches pour une petite demi-heure, en préambule d’une programmation qui s’annonce particulièrement chargée.

C’est au groupe Dobacaracol que reviendra l’honneur d’ouvrir la soirée de festivités. Né en 1998 par la rencontre de Doriane Fabreg et Carole Facal, Dobacaracol est un duo de voix et de percussions particulièrement intense, accompagné par quatre musiciens. En 2004, le groupe a sorti son second album, Soley (Indica), marquant la suite logique d’une ascension impressionnante.

Depuis 2001, et la sortie de leur premier disque Le Calme-Son (Indépendant), Dobacaracol a multiplié les festivals à travers le monde, assurant notamment la première partie de groupes confirmés comme Alpha Blondy, Tryo ou La Rue Ketanou.

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Parallèlement, les deux chanteuses se sont illustrées comme choristes pour d’autres artistes mondialement reconnus, comme Junior Marvin, Kaliroots ou Full Vibes, emmagasinant au passage une expérience supplémentaire, comme le souligne Carole Facal, l’une des deux membres de Dobacaracol: «Les premières parties sont toujours très enrichissantes. C’est un premier pied à l’étrier qui nous a permis de faire nos armes. Pareil, à travers le rôle de choristes que l’on a tenu, notamment avec Kaliroots, on a appris à chanter ensemble, à se connaître. Ce sont ces expériences qui ont façonné le style de Dobacaracol.»

C’est aujourd’hui avec une assise certaine qu’elles se produisent, et leur dernier album, condensé de sons ethniques fouillés, est la base d’un spectacle envoûtant et dynamique dont il serait dommage de ne pas profiter.

Fin de soirée en apothéose

Pas le temps de souffler pour les festivaliers, puisqu’à 21h, Swing prendra le relais sur la scène du Centre Harbourfront. Le collectif franco-ontarien – l’un des plus actifs et prolifiques ces dernières années – régalera l’assistance de sa musique énergique et originale.

Michel Bénac, chanteur de Swing et porte-parole du festival, a signifié sans concessions sa satisfaction de faire partie de l’aventure: «Je suis fier de m’associer à une organisation comme la Franco-Fête et de faire partie d’une programmation de haute qualité.

La brochette d’artistes présentée est à l’image de Swing: un amalgame à la fois frais, solide et audacieux de la culture canadienne française et des tendances internationales.»

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À l’image de CANO en son temps, Swing représente pour beaucoup cet ambassadeur de la musique alternative franco-ontarienne à travers la province, mais aussi à travers le monde. En mars 2004, le groupe s’était notamment exporté en Europe de l’Est, avec des dates en Pologne, en Hongrie ou en Roumanie.

En 2005, la formation avait même été choisie pour représenter le Canada français durant la semaine de la Francophonie, effectuant pour l’occasion une tournée en Amérique Latine, avant de revenir au pays et de se mériter trois trophées au Gala des prix Trille Or (meilleur spectacle, meilleur groupe et meilleur vidéo clip).

Le natif de Vanier et porte-étendard de l’Ontario français pour cette édition 2007, accompagné du multi-instrumentiste Jean-Philippe Goulet, aura sans aucun doute l’énergie suffisante pour amener le public jusqu’à l’orée des petites heures, d’autant plus qu’il aura à coeur de donner le maximum le soir de son anniversaire.

À la fin des concerts, prévue à 23h, la soirée sera évidemment prolongée. Une clôture de haut rang, puisque l’organisation a réquisitionné le plus gros bateau de la flotte du Mariposa, le Captain Matthew Flinders, pour y organiser une soirée dansante. Pour 10$, les 300 premiers entrants pourront y déguster mets et boissons, tout en profitant des créations du chansonnier Stéphane Servant. Le Québécois, qui exerce son art depuis une bonne vingtaine d’années, est un habitué de la Franco-Fête, et nul doute qu’il saura animer la croisière autour des îles torontoises avec la plus grande réussite.

Le bateau devrait rejoindre la terre ferme au plus tard à 2h du matin, et nul doute qu’après une journée aussi chargée, les quelques irréductibles qui termineront sur les quais du lac rentreront à la maison avec des souvenirs pleins la tête mais aussi des courbatures pleins les jambes.

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